De l'archéologie au tourisme, la redécouverte des sites grâce aux fouilles
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En 2010 étaient créées en France les Journées nationales de l’archéologie. En 2020 elles sont devenues les Journées européennes de l’archéologie, avec la participation de 47 pays membres du Conseil de l’Europe. C’est un rendez-vous avec l’histoire, l’occasion de remonter le temps et de comprendre les méthodes de la recherche archéologique et de visiter des sites récemment mis au jour. En effet, l’ultime étape lorsque les fouilles sont achevées, c’est l’ouverture au public et le développement du tourisme. Mais il a fallu du temps pour passer du simple dégagement des structures bâties, avec la récupération des plus belles œuvres d’art, à une méthode qui permet de comprendre le cadre et le mode de vie, son évolution dans le temps, ainsi que des milliers d’autres enseignements sur le passé.
Si on laisse de côté les excavations anarchiques menées à Rome au XVIe siècle par des papes à la recherche de statues antiques, ce sont les fouilles de Pompéi et Herculanum au XVIIIe siècle qui constituent sans doute le lieu emblématique de l’archéologie naissante, avec des investigations systématiques accompagnées de relevés et de dessins. L'ingénieur-arpenteur Roque Joaquín de Alcubierre, chargé en 1738 des fouilles par le roi de Naples, cherchait les œuvres d’art, détruisait les objets qu’il jugeait sans intérêt et remblayait les édifices après les fouilles. Avec l’arrivée en 1749 de Karl Jakob Weber, ingénieur et architecte suisse, commence un travail plus archéologique, en conservant les structures et l’ensemble du matériel découvert tout en effectuant des relevés. Si les plans étaient tenus secrets, les visiteurs commencent à affluer à la fin du XVIIIe siècle. Les jeunes hommes et parfois les jeunes femmes de rang social élevé incluaient ces sites dans leur Grand Tour à travers l’Europe (d’où provient le mot tourisme). Ainsi Mozart visita Pompéi en 1770 et Goethe en 1787.
En Grèce, le site d’Olympie avait été redécouvert en 1766 par l’helléniste et archéologue britannique Richard Chandler, membre de la Society of Dilettanti, fondée en 1733. Depuis le début du XVIIIe siècle en effet, les sociétés savantes s’étaient multipliées en Angleterre, telles la Society of Antiquaries of London en 1718 (ceux qui se passionnaient pour l’Antiquité se qualifiant "d'antiquaires"). Johann Joachim Winckelmann, archéologue, "antiquaire" et historien de l’art allemand, se passionne aussi pour la Grèce. De même le français Louis-François-Sébastien Fauvel (1753-1838), peintre, diplomate et archéologue, longtemps en poste à Athènes, fait des relevés, en particulier à Olympie. Les fouilles se multiplient après l'indépendance de la Grèce en 1830, avec des équipes françaises, allemandes et britanniques… Par exemple, Olympie à partir de 1829, Delphes de 1838 sont peu à peu dégagés et étudiés, attirant les visiteurs venus rêver d’Antiquité grecque…
L’expédition d’Égypte menée par le général Bonaparte en 1798-1799, accompagnée par une mission scientifique à laquelle participait Vivant Denon, avait contribué à faire connaître la terre des pharaons. En 1813, l’explorateur suisse Jean Louis Burckhardt découvrait le grand temple de Ramsès II à Abou Simbel. Lors d’une autre expédition il avait trouvé la cité nabatéenne de Pétra, actuellement en Jordanie, qui était tombée dans l’oubli depuis près de mille ans. Peu après, le vénitien Giovanni Battista Belzoni explorait la vallée des Rois en 1817. Toutefois, c’est à partir de 1882, alors que l’Égypte est placée sous domination britannique, que les fouilles vont se multiplier, en particulier dans la vallée des Rois. On connaît le retentissement mondial qu’a eu la découverte en 1922 de la tombe intacte de Toutânkhamon par Howard Carter, accompagnée ensuite de légendes au parfum de malédiction. L’archéologie a ainsi fait le bonheur du tourisme, une des principales ressources de l’Égypte.
Au XIXe siècle, les États européens cherchent à s’appuyer sur l’archéologie pour étendre leur emprise diplomatique et renforcer leur prestige. Ainsi, les Français fouillent jusqu’en Mésopotamie. Parallèlement, on crée des instituts de recherche : en septembre 1846 l’École française d'Athènes, en 1875 l’École française de Rome. Enfin, on assiste à la fin du XIXe siècle à un nouvel intérêt pour l’archéologie nationale, lié parfois au sentiment nationaliste qui prend de l’ampleur. L’archéologie gallo-romaine, mérovingienne et carolingienne est ainsi mise en avant pour présenter les origines de la France. Le musée des Antiquités nationales (actuel musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye) est créé en 1867 par Napoléon III, qui fait aussi fouiller le site archéologique d'Alésia à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne.
Les techniques d’investigation archéologique ont relativement peu évolué jusqu’au XXe siècle, mais leur renouvellement s’accélère depuis les années 1930. Ainsi, l’archéologue britannique Mortimer Wheeler (1890-1976) a mis au point une méthode de fouille dite "méthode de Wheeler" ou de "fouilles en carrés" : un découpage du terrain en carrés, délimités sur les côtés par des bermes, zones non fouillées sur lesquelles apparaît la stratigraphie -la superposition des niveaux archéologiques. Ainsi, on relève à la fois le plan et la profondeur des différentes couches. Cette méthode a été remplacée par la fouille en aire ouverte (open area), qui suit les structures. En archéologie préhistorique, des méthodes spécifiques ont été développées, par exemple par André Leroi-Gourhan. Aujourd’hui, l’archéométrie se fonde sur la pluridisciplinarité, sédimentologie, archéobotanique, archéozoologie, anthropologie, analyses des matériaux anciens. Les moyens de datation ont beaucoup évolué depuis le fameux carbone 14, valable pour la préhistoire mais trop imprécis autrement. La datation des céramiques par thermoluminescence ou des bois par la dendrochronologie fournit ainsi des références bien plus précises. L’archéologie s’est étendue au Moyen Age, puis aux périodes suivantes, il y a ainsi une "archéologie industrielle" liée au développement des usines. Une autre notion essentielle pour préserver le sous-sol, en particulier en milieu urbain, est la notion de fouilles préventives, rendues obligatoires. C’est le rôle essentiel de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), qui organise aussi les Journées de l’archéologie.
Thierry Soulard
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