Mexique, colonisation et métissage culturel

L’histoire du Mexique a été profondément marquée par la colonisation espagnole, qui a imposé une domination parfois violente. Mais la culture des peuples autochtones, notamment les Aztèques, ne s’est pas effacée pour autant. Les fresques de l’église d’Ixmiquilpan témoignent d’un des métissages culturels les plus riches de l’histoire.

A la fin du XVe siècle, les voyages de Christophe Colomb amorcent les arrivées espagnoles sur le continent américain. L’Empire aztèque, sur le territoire de l’actuel Mexique, est l’un des premiers à être colonisé : en février 1519, Hernán Cortés débarque à l’emplacement de l’actuelle Veracruz. Trois ans plus tard, Tenochtitlan, la capitale de l’Empire aztèque, tombe. Si des épidémies, apportées par les Européens, ont touché massivement la population, si des massacres armés ont eu lieu, et si la domination politique des Espagnols s’est largement installée, la colonisation n’a pas conduit pour autant à une disparition pure et simple de la culture et des croyances aztèques.

On imagine souvent que les conquérants cherchent à écarter, voire écraser, les traditions des territoires qu’ils soumettent au profit des leurs. Mais l’histoire, et celle de la colonisation espagnole au Mexique, montre que le processus est plus subtil - et plus stratégique. Pour établir un ordre durable et éviter les soulèvements, les colonisateurs ont tout intérêt à incorporer et utiliser les codes symboliques des peuples conquis, pour parler une langue visuelle que les populations locales peuvent comprendre, voire reconnaître comme légitime. Le métissage est aussi une conséquence organique de la cohabitation : à se côtoyer, on s’influence naturellement.

Ce processus complexe, que l’on retrouve aussi bien dans l’urbanisme, la religion, l’art et l’iconographie – entre autres - fait émerger une nouvelle culture hybride. Selon l’anthropologue Néstor García Canclini, dans son ouvrage Cultures hybrides : stratégies pour entrer et sortir de la modernité (Culturas híbridas: estrategias para entrar y salir de la modernidad, 1990), le métissage culturel nait d’un champ de tensions et de négociations. La modernité latino-américaine serait issue du passé préhispanique et des legs coloniaux qui se sont interpénétrés sans se confondre totalement.

Hernan Cortés et la Malinche guidant l'armée espagnole, Codex Azcatitlan, XVIe ou XVIIe sièce | BNF Gallica via Wikimedias Commons


Les fresques hybrides d’Ixmiquilpan

Les fresques de l’église San Miguel Arcángel d’Ixmiquilpan, dans l’actuel État d’Hidalgo, au centre du Mexique, en sont un parfait exemple. Réalisées dans les années 1569-1572, probablement par des artistes aztèques sous la supervision de religieux augustins, elles constituent un témoignage exceptionnel du métissage iconographique et idéologique à l’époque coloniale. Contrairement aux décors plus européens que l’on trouve dans d’autres couvents du même ordre, les murs d’Ixmiquilpan mêlent sans détour imagerie chrétienne et motifs guerriers issus de la tradition mésoaméricaine. On y voit des scènes de combat d’une violence saisissante : guerriers jaguars et aigles affrontant des ennemis grotesques ou démoniaques, armes en main, dans une dynamique narrative typique des codex préhispaniques.

Les spécialistes interprètent ces fresques comme un outil de christianisation s’appuyant sur la culture indigène : il s’agit d’utiliser les codes esthétiques et symboliques des populations locales pour leur faire comprendre les enjeux de la nouvelle religion et la rendre plus familière. Les guerriers indigènes apparaissent ainsi comme les alliés de l’archange saint Michel dans la lutte contre le mal.

Mais une autre lecture, moins orthodoxe, met en lumière une forme de résistance symbolique. En maintenant vivante la mémoire iconographique des guerriers aztèques, ces fresques perpétuent une vision indigène dans un cadre chrétien. Le message peut alors se lire à double sens : l’Église y voit une victoire morale contre le paganisme, mais les artistes et spectateurs locaux peuvent y reconnaître une exaltation des traditions, de la bravoure et des valeurs de leurs ancêtres.

Une fresque de l'église San Miguel Arcángel, Ixmiquilpan | Thelmadatter, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons


Le métissage, un des fondements de l’identité mexicaine

Aujourd’hui encore, le Mexique se définit par ce métissage fondamental. Ce mélange se retrouve dans de nombreux aspects de la vie quotidienne : les croyances, les symboles religieux, les pratiques culturelles. La Vierge de Guadalupe en est une figure centrale : vénérée comme une apparition chrétienne, elle est aussi interprétée comme une transposition de la déesse autochtone Tonantzin, protectrice de la terre et des peuples. De même, Quetzalcóatl - le serpent à plumes, divinité de la sagesse, du vent et de la création chez les Mésoaméricains - continue de hanter l’imaginaire national aux côtés des saints catholiques. L’architecture religieuse juxtapose églises baroques et vestiges précoloniaux. Le calendrier des fêtes combine traditions catholiques et rituels anciens, comme le Día de los Muertos, qui associe culte des ancêtres et symboles chrétiens. Les ruines du Templo Mayor – la grande pyramide à degrés de l’ancienne capitale aztèque Tenochtitlan - accueillent aujourd’hui des visiteurs au cœur de Mexico.

 

 

Voyages susceptibles de vous plaire

Newsletters

Inscrivez-vous pour recevoir nos newsletters. Restez informés de nos nouveautés, de l’actualité culturelle et de nos offres en avant-première.

Intermèdes

Qui sommes-nous ?

L'esprit Intermèdes

Notre blog : l’intermède culturel

Contact et localisation

Protection des données et cookies

Assurances

Nos partenaires

Conditions générales et particulières de vente

Intermèdes recrute

Services

Avantages clients

Programme de parrainage

Voyages sur mesure

Hôtels aéroports

Offrir un voyage

Paiements sécurisées

Qualité certifiée

Charte de qualité Fevad
Récompense Open to Dialog 2014
Noté 4,8 sur 5 sur Trustpilot
Groupama Assurance-crédit & Caution
Membre du SETO

© Copyright Intermèdes 2025

Mentions légales

|

Crédits

|

Plan du site