5 représentations des Rois mages dans l'art

Les figures des Rois mages ont inspiré de nombreux artistes. Petit panorama des représentations marquantes de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Soyez prévenus : il y aura beaucoup d’Adoration des Mages.

L'Adoration des Mages de Sandro Botticelli, 1475

Peint par Sandro Botticelli vers 1475, L'Adoration des Mages illustre la visite des Rois mages à l'Enfant Jésus. Botticelli, maître de la Renaissance italienne, réalise cette œuvre pour la chapelle de Gaspare di Zanobi del Lama, un banquier florentin proche des Médicis. Mécènes influents, la famille domine la vie politique et culturelle de Florence.

Le tableau se distingue par une composition pyramidale, centrée sur la Vierge Marie et l'Enfant. Une perspective atmosphérique oriente le regard vers la mère et son fils. Les Rois mages, fondus dans les nombreux suivants, ne sont finalement pas particulièrement frappants. Remarquables ici sont plutôt les traits des personnages : il s’agit pour beaucoup de portraits de membres de la famille Médicis. Le but est bien sûr de présenter les mécènes sous leur meilleur jour, d’insister sur leur piété et leur sens moral. Ainsi, Cosme l’Ancien et ses fils Pierre et Jean figurent les trois Mages. On parle aussi d’un autoportrait de Botticelli : des experts affirment le reconnaître dans le personnage situé tout à droite, les yeux tournés vers le spectateur.

Sandro Botticelli, L'Adoration des Mages , cir. 1475, 111 x 134 cm, tempera sur bois, Galerie des Offices, Florence | Wikimedia Commons

L'Adoration des Mages de Léonard de Vinci, 1481

Léonard de Vinci commence L'Adoration des Mages en 1481 mais ne l’achèvera jamais. Ce tableau, destiné au monastère de San Donato à Scopeto, se distingue par l’utilisation des techniques fétiches de Léonard, en particulier son fameux sfumato.

De nombreux détails narratifs s’enroulent autour d’une multitude de personnages. Les expressions des Rois mages et des figures environnantes expriment l'émotion suscitée par la vision du Christ enfant, tandis que les ruines en arrière-plan symbolisent la chute des anciennes croyances païennes devant l'arrivée du christianisme. La présence de chevaux et de soldats dans le tableau rappelle les troubles qui agitent la région de la naissance de Jésus. Une toile inachevée certes, mais très riche de détails et de la patte si reconnaissable de Léonard de Vinci.

Léonard de Vinci, L'Adoration des Mages, cir. 1481, 246 x 243 cm, huile sur bois, Galerie des Office, Florence | Wikimedia Commons

Le retable de l'Adoration des Mages de Jan Gossaert, cir. 1500

Réalisé par Jan Gossaert, dit Mabuse, peintre flamand de la Renaissance, le retable de l'Adoration des Mages date d'environ 1500 et incarne un style nordique marqué par le souci du détail et la richesse des textures. Gossaert s'inspire ici à la fois des traditions italienne et flamande, combinant l'influence des voyages qu'il a effectués en Italie et le goût du naturalisme propre à l'art des Flandres.

La pièce centrale du retable met en scène les Rois mages vêtus de somptueux habits, soulignant leur statut royal et l'universalité souhaitée du message chrétien. Les costumes exotiques et les accessoires précieux rappellent la fascination pour l'Orient et son opulence. Gossaert intègre aussi des éléments architecturaux divers et fastueux. Les personnages sont particulièrement individualisés, leurs traits se distinguent les uns des autres. Comme chez Léonard, Gossaert symbolise l'instabilité politique par une représentation d'hommes en armes.

Jan Gossaert, dit Mabuse, L'Adoration des Mages, cir. 1500, 37 x 52 cm, huile sur bois, National Gallery, Londres | Wikimedia Commons

L'Adoration des Mages de Pieter Brueghel l'Ancien, 1564

Pieter Bruegel l'Ancien aborde le thème des Rois mages en 1564, en pleine période de troubles religieux dans les Pays-Bas espagnols. Le contexte de la Réforme et les tensions politiques imprègnent cette œuvre. Bruegel adopte une approche terre-à-terre, inscrivant la scène biblique dans un cadre réaliste. Contrairement aux représentations habituelles, plus majestueuses, il place l'événement dans un simple village flamand, entouré de paysans, ôtant en dimension sacrée ce qu’il ajoute d’ordinaire.

L'accent est mis sur l'interaction entre les personnages, avec une touche satirique fidèle à l’œil critique de Bruegel sur la société de son temps. Les Mages, tout en conservant leurs attributs royaux, sont représentés comme des hommes ordinaires, âgés sans porter beau, tandis que la scène se déroule dans une atmosphère hivernale qui éloigne des traditionnelles références orientales.

Pieter Brueghel l'Ancien, L'Adoration des Mages, 1564, 11 x 83,5 cm, huile sur bois, National Gallery, Londres | Wikimedia Commons

L'Adoration des Mages de Diego Velázquez, 1619

L'Adoration des Mages de Diego Velázquez, réalisé en 1619, incarne l'art baroque espagnol et ses préoccupations spirituelles. Peint à une époque où l'Espagne est un bastion du catholicisme, ce tableau traduit les idéaux de la Contre-Réforme, qui visent à renforcer la foi des fidèles à travers des représentations puissantes et accessibles. Velázquez, alors jeune peintre, démontre son habileté à capturer les émotions et à donner une présence physique à ses personnages.

L'Enfant Jésus est ici au centre, bénissant les Rois mages venus lui rendre hommage. La Vierge, représentée de manière simple et douce, contraste avec les visages plus expressifs des Mages. L'usage du clair-obscur, technique empruntée au Caravage, souligne la sacralité de la scène et oriente le regard vers la lumière qui éclaire le Christ. Ce tableau, bien qu'intimiste par sa taille, témoigne de l'influence de la peinture italienne sur Velázquez et de sa capacité à fusionner réalisme et codes visuels de la spiritualité.