La redécouverte de Pétra, une épopée empreinte de romantisme
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Notre conférencier vous partage l'histoire de la redécouverte de Pétra, ancienne cité nabatéenne classée au patrimoine de l'UNESCO.
Les Nabatéens, peuple arabe aux origines mal connues, se sont implantés à Pétra aux alentours du VIe siècle av. J.-C. Le site était alors occupé depuis plusieurs siècles par les Edomites, d'origine sémitique, mentionnés dans la Bible. Les Nabatéens vont alors faire progressivement de Pétra une cité prospère qui constitue une étape importante sur la route des caravanes reliant l'Arabie du Sud, l'Égypte, la Syrie et la Méditerranée. On transporte ainsi l'encens, les aromates, les épices et d'autres marchandises précieuses.
Après la conquête de l’Orient par Pompée en 64 av. J.-C., Pétra reste cependant indépendante de Rome jusqu’à son annexion sous Trajan en 106. Commence alors un inexorable déclin, les circuits commerciaux romains supplantant les caravanes traditionnelles des Nabatéens. En 363, Pétra est très endommagée par un violent tremblement de terre. Selon Cyrille, évêque de Jérusalem, presque la moitié de la ville est détruite. Les monuments ne sont pas reconstruits et elle se vide peu à peu de ses habitants.
Pétra est encore mentionnée comme cité avec un évêque à la fin du Ve ou au début du VIe siècle. Au VIIe siècle, après la conquête arabe, ce n’est plus qu’un modeste village. Après la Première croisade sont cependant construites deux forteresses, celle dite aujourd’hui d’Al-Habis, au sommet d’un piton rocheux dominant le cœur de l’antique cité, et celle de Li Vaux Moysi ("la vallée de Moïse"), aujourd’hui Al-Wu'ayrah, à un kilomètre au nord de Pétra. Abandonnées après la chute du royaume de Jérusalem en 1187, dévastées par les tremblements de terre des années 1201-1202, elles sont en ruines lorsque le pèlerin allemand Thiétmar visite Pétra en 1217. Le sultan mamelouk Baybars traverse la ville en 1276, qui tombe ensuite dans un oubli complet.
Un audacieux voyageur occidental va révéler au monde l’existence du site : il s’agit de l'explorateur suisse Jean-Louis Burckhardt (1784 - 1817). Originaire de Lausanne, formé à l'université de Göttingen, il est en l'Angleterre en 1806 et convainc le célèbre naturaliste sir Joseph Banks, qui avait participé au premier voyage de James Cook autour du monde (1768-1771) et préside la Royal Society, d’appuyer une expédition pour découvrir la source du fleuve Niger. Burckhardt étudie alors l'arabe à l'université de Cambridge et s’entraîne à la canicule l’été dans la campagne anglaise, se promenant sans chapeau et dormant à la belle étoile… Il part en 1809, décide lors d’une étape à Malte de se convertir à l’Islam afin de mieux s’intégrer et séjourne à Alep durant deux ans pour étudier l’arabe et le droit musulman, dont il devient expert. Prenant alors le nom d’Ibrahim ibn Abdullah (dit "Cheikh Ibrahim"), il s’habille en costume local : barbu, coiffé du tarbouche oriental, il se fait accepter dans ces régions très fermées de l’Empire ottoman. Il explore la région, visitant, entre autres, Palmyre.
Se rendant de Damas à l'Égypte, il passe par l’actuelle Jordanie. Il entend alors parler de ruines exceptionnelles à proximité du village de Wadi Moussa. Dans cette région reculée, les bédouins (dont le nom signifie "fils du désert") se méfient des étrangers et considèrent comme impies les vestiges antiques. Aussi doit-il inventer un prétexte : il se présente comme un pèlerin qui souhaite se rendre sur le tombeau du prophète Haroun (Aaron), situé d’après la tradition au sommet du djebel Haroun voisin, afin de sacrifier une chèvre. Le 22 août 1812, il traverse ainsi Pétra, sans pouvoir s’arrêter pour prendre des notes ou faire des dessins, afin de ne pas éveiller la méfiance de son guide. Enthousiasmé par sa découverte, il envoie des notes à Londres et écrit un livre Travels in Syria and the Holy Land qui sera édité en 1822 cinq ans après sa mort en 1817. Pétra sort alors de l'oubli.
Après Burckhardt, l'égyptologue britannique William John Bankes (1786-1855) se rend à Pétra en mai 1818, accompagné d’une petite troupe, et reste quelques jours, établissant quelques croquis. Mais les débuts des investigations archéologiques sont menés par les Français Léon de Laborde et Louis Maurice Adolphe Linant de Bellefonds, qui, accompagnés de seize personnes, vont établir la première carte de la cité et dessiner les monuments. La publication qui s’ensuit, Voyage de l'Arabie Pétrée (1830), va susciter l’engouement dans le contexte orientaliste qui s’est développé chez les intellectuels et les artistes occidentaux : on peut parler une fascination, d’un « mythe nabatéen », avec son aura de mystère qui enflamme les imaginations. On cherche dans la Bible des traces des Nabatéens à l’époque de Moïse, alors qu’ils se sont installés bien après l’époque supposée de l’Exode. Ils sont seulement mentionnés vers 170 av. J.-C. dans le Premier Livre des Macchabées (V-25) comme ayant accueilli pacifiquement Judas Macchabée et son frère Jonathan. On s’interroge cependant sur l’origine de vieilles appellations de Pétra, comme le "ruisseau de Moïse" (Wadi Moussa), déjà mentionné par les Croisés au XIIe siècle.
Les missions archéologiques internationales vont ensuite s’enchaîner. L’alphabet nabatéen, dérivant de l'alphabet araméen, à l'origine de l'alphabet arabe est partiellement déchiffré par le savant allemand Eduard Beer en 1840. Le voyageur Charles Montagu Doughty (1843-1926) publie en 1888 Travels in Arabia Deserta met en rapport avec Petra la ville d’Hegra qu’il a découverte en Arabie, qui s’avérera un site exceptionnel de la route de l’encens aujourd’hui ouvert aux visiteurs.
Au XXe siècle, les recherches prennent de l’ampleur, on exécute de minutieux relevés des monuments. L'École biblique et archéologique française de Jérusalem étudie les inscriptions nabatéennes. On découvre la religion des Nabatéens. Les fouilles archéologiques sont organisées dès les années 1930, principalement par les Britanniques, elles se multiplient après l’indépendance du royaume de Jordanie en 1946. Elles sont confiées à des missions scientifiques internationales qui vont proposer une nouvelle approche du site, inscrit depuis 1985 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, au cœur d’un parc national archéologique créé en 1993.
En se fondant sur les historiens grecs du Ier siècle av. J.-C. Diodore de Sicile et Strabon, on avait longtemps pensé qu’il n’existait pas de structures urbaines à proprement parler à Pétra. Entourés par les tombeaux et lieux de culte, les Nabatéens, nomades, campaient sur le site. Si c’était probablement le cas à l’origine, les dernières fouilles ont montré qu’à partir du IIIe siècle av. J.-C. une véritable ville s’élevait au cœur du site. On estime la population de cette cité au milieu du Ier siècle apr. J.-C. à environ 25 000 personnes. Seulement 6 % de la cité de Pétra a été mise au jour, chaque année offre ainsi son lot de découvertes aux yeux des visiteurs émerveillés.
Thierry Soulard
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