Une brève histoire du passeport - Chapitre 1 | Lettres, jetons, diplomata… les prémices antiques
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Les premiers documents permettant de se déplacer au sein d’un territoire remontent à l’Antiquité. Ils ne sont pas encore appelés passeport, mais en constituent les prémices. De la Perse à Rome en passant par la Chine, premier chapitre de cette brève histoire du passeport.
Les traces les plus anciennes de l’utilisation de documents pour garantir le passage à travers le territoire remontent à l’Empire achéménide. Dans la Bible, le livre de Néhémie (2:7–9, v. 445 av. J.-C.) raconte que le roi Artaxerxès fournit à Néhémie des « lettres pour les gouverneurs de province » qui garantissent la sécurité de son voyage. Il ne semble pas en revanche qu’un système uniformisé ait été mis en place : les lettres royales sont délivrées au cas par cas.
L’un des premiers systèmes complets de régulation des déplacements de personnes voit le jour en Chine ancienne, durant la période pré-impériale des Royaumes combattants (475–221 av. J.-C.). Des postes de contrôle (关, « guan ») sont alors installés stratégiquement le long des frontières extérieures, mais aussi à l’intérieur du territoire – sur les grands axes routiers, aux entrées de certaines villes ou marchés stratégiques, ou à proximité des commanderies. On ne voyage pas encore pour le plaisir, et seules quelques catégories de population sont autorisées à se déplacer : les fonctionnaires en mission, envoyés pour collecter des impôts, transmettre des ordres, mener des inspections… ; les soldats et émissaires militaires ; les marchands agréés par l’administration ; les religieux, lettrés et pèlerins qui se rendent d’un monastère à l’autre ou dans des lieux saints. En passant par les guan, ces voyageurs doivent présenter un jeton d’autorisation (符 « fu », « symbole concordant ») qui prend la forme de bâtons, plaquettes ou tablettes fabriqués à partir de bois, de jade ou de métal. Il est divisé en deux parties complémentaires : chacune porte des motifs (inscriptions, entailles, codes…) qui forment une continuité, de sorte que l’on peut immédiatement juger de l’appariement de l’une des moitiés à l’autre en les assemblant. Une partie est confiée au voyageur, l’autre est conservée par l’autorité qui l’a émise – les seigneurs féodaux, les fonctionnaires locaux ou le pouvoir royal. Cette partie conservée par l’autorité administrative sert surtout de garantie en cas de vérification ultérieure ou de litige. Les postes de contrôle disposent quant à eux de reproduction codifiée, c’est-à-dire d’un registre décrivant la forme ou l’inscription du jeton émis. Ainsi, ils peuvent comparer les moitiés présentées par les voyageurs et leur autoriser ou non le passage. Sous la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.) les jetons sont remplacés par des documents, et le système guosuo (过 « guò » « passer, traverser », 所 « suǒ » « endroit, lieu », mais aussi « document de constatation » dans un jargon administratif) se développe. Le champ du voyage est alors strictement borné par le document qui mentionne le point de départ, la destination finale, et la durée de validité. Il indique aussi le nom et l’âge du voyageur, son lieu d’origine, le nombre et l’âge de ses compagnons, et, si c’est un marchand, une liste des animaux de bât et des marchandises transportées. Ces précisions réduisent le risque de vol et d’usurpation qui planaient sur l’utilisation des jetons, d’autant plus que le document est marqué d’un sceau officiel. Au début du VIIe siècle, quand s’installe la dynastie des Tang, le système guosuo est totalement institutionnalisé.
Passeport Trésor national (Guosuo) délivré par le département des Affaires internes de la dynastie Tang au moine Enchin - Unesco.org
A des milliers de kilomètres de là, à Rome, Auguste (27 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.) développe et réorganise le cursus publicus, le service de poste impérial. C’est un système à la fois logistique, militaire et politique, qui garantit la circulation rapide des ordres, des messagers, des fonctionnaires et des biens de l’État. Le cursus publicus repose physiquement sur un maillage de mutationes (stations de changement de montures) et de mansiones (stations offrant logement, repas et soins aux voyageurs) reliés entre eux par des viae publicae (grandes routes pavées construites et entretenues par l’Etat). Pour utiliser le cursus publicus, un diploma publicum est nécessaire. Ce document nominatif émis par l’empereur ou ses représentants autorise son porteur à utiliser les montures mises à disposition, à se loger dans les relais et à voyager aux frais de l’Etat. Ce système est plus restrictif que le guosuo chinois, puisqu’il ne concerne qu’une élite administrative et militaire, et n’inclut pas les marchand et les religieux. Les documents de voyage ne concernent encore qu’une toute petite partie de la population. Il faudra attendre le XIIe siècle pour qu’ils prennent le nom de passeports…
Anna F.
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