Rêver les lacs italiens

Pourquoi le lac ?

Les lacs… une notion géographique ? « C’est une grande étendue d'eau entourée de terre, où il suffit que la profondeur, la superficie, ou le volume soit suffisant pour provoquer un dépôt de sédiments ou une stratification ». Cela ne fait pas tellement rêver... Dans l’usage courant, c’est une notion souvent floue, étangs et lacs se distinguant approximativement par leur taille. Et si le lac est normalement formé d’eau douce, il existe par exemple le Grand Lac Salé aux Etats-Unis.

Le lac, par ses réserves d’eau et de poisson, mais aussi par la protection qu’il offrait, a attiré très tôt les hommes. Ainsi, des « villages lacustres » se sont constitués au Néolithique ou à l'Âge du bronze. C'est en 1854, lors des basses eaux du lac de Zurich, que des archéologues ont découvert les restes d’une de ces implantations. Certains de ces villages reposaient sur des pilotis avec des plates-formes de bois au-dessus de l’eau, d’autres s’élevaient simplement sur la rive.

La « fièvre lacustre »

Ainsi, au XIXe siècle, une véritable « fièvre lacustre » s’empare de l’Europe. Au travers d’études scientifiques et historiques, on développe l’idée d’une « civilisation lacustre », que l’on imagine égalitaire, pacifique et autarcique, quasiment démocratique. On se réfère aux villages lacustres de Nouvelle-Guinée ou d'Afrique, connus récemment, et on rêve d’un âge d'or préhistorique où les habitants auraient vécu en harmonie avec la nature.

On exhume aussi les anciens mythes : pour les Romains le lac mettait en communication le monde souterrain des Enfers, tel le lac Averne près de Naples, constituant un œil vers le monde des vivants. Pour les Gaulois, certains dieux résidaient dans les lacs, légende que l’on retrouve dans le mythe arthurien et la Dame du Lac. Le rêve s’est emparé des lacs…

Les lacs romantiques italiens

Le lac devient alors un thème romantique de prédilection pour les poètes, les musiciens ou les peintres qui tombent ainsi sous le charme. Les grands lacs d’Italie du Nord, dont les berges recèlent de gracieuses villas et des jardins enchanteurs, évoquent à merveille cette époque.

Déjà Pline l’Ancien et Virgile s’émerveillèrent devant le lac de Garde, le plus grand des lacs d’Italie du nord. Lord Byron, Goethe, James Joyce, Somerset Maugham chantèrent aussi ses louages tandis que le poète Gabriele d’Annunzio y acquis un palais. Maria Callas aimait se détendre sur la presqu’île de Sirmione.

Le lac Majeur attira sur ses berges les riches familles milanaises, les industriels, les artistes qui s’y firent construire de superbes villas. Dickens, Flaubert, Hemingway, Arturo Toscanini vinrent y chercher l’inspiration.

De Jules César à George Clooney, le lac de Côme attire aussi les célébrités. Il abrita les amours de Franz Liszt et Marie d’Agoult, tandis que Stendhal et Bellini l’affectionnaient tout particulièrement. Alfred Hitchcock, Luchino Visconti, Dino Risi et Marcello Mastroianni aimaient aussi y séjourner…

Le moment poétique

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
[…]

Le Lac, poème de Lamartine paru dans les Méditations poétiques en 1820 (il évoque le lac du Bourget, auquel était lié le souvenir de Julie Charles, prématurément disparue).