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Entre bêtes et dieux, les hommes

« Pour vivre seul, il faut être une bête ou un dieu, dit Aristote.
Reste un troisième cas : il faut être les deux à la fois…philosophe… »

Nietzsche.

Chaque fois que dans le monde grec, une cité organisait une fête collective, où elle affirmait son identité, pour honorer ses dieux poliades, elle préparait un sacrifice, cet échange entre hommes et dieux, cette offrande des hommes aux dieux dont on attendait en retour la bienveillance, aller retour du profane au sacré, et elle réaffirmait ainsi l’écart qui sépare l’humanité (« mangeuse de viandes cuites, rôties et bouillies ») de la divinité (« qui se nourrit de la fumée des graisses et des os brûlés dans le sacrifice ») et de l’animalité (caractérisée par l’allélophagie et la consommation du cru).


Le sacrifice grec marque la ligne de partage entre bêtes, hommes et dieux. Par ailleurs le partage de nourriture auquel il donne lieu, fonde la communauté sociale et civique, c’est-à-dire « politique ». Le sacrifice grec ne s’entend que comme une conséquence de l’épisode mythique prométhéen.


Le système politico religieux grec tire sa dominance de la pratique sacrificielle. L’alimentation carnée coïncide avec l’offrande aux Dieux d’un animal domestique dont les hommes se réservent les parties charnues en laissant aux Dieux la fumée des os calcinés et l’odeur des aromates brûlées.


Le partage est nettement tracé, la viande pour ceux qui ont besoin pour vivre de manger des chairs périssables, comme ils le sont eux-mêmes.
Le privilège des odeurs, des parfums, des substances incorruptibles pour les puissances immortelles.


Tout comme entre les Dieux et les hommes, la vraie différence entre l’homme et l’animal se marque sur le plan alimentaire. Si l’homme mange chaud et cuit, l’animal pour sa part mange cru et froid
« L’homme n’est pas un animal mangeur de chair crue ».


Le régime alimentaire est bien opérateur de différence, un paradigme de définition de la condition humaine.
Goûter la viande est donc un acte religieux.


« Manger des bêtes sous le regard des dieux est ce que nous appelons « sacrifice ».


Des bêtes domestiques s’entend, proches des hommes, pas de bêtes sauvages qui nieraient le concept du sacrifice.
Les hommes offrent aux dieux la fumée des autels, où les viscères embrochés grésillent.


Aux Dieux, « la belle part » : ils se réjouissent à humer le fumet sacrificiel, ne consommant rien, et jouissent de l’imputrescibilité de la nourriture non carnée. La sublimation de leur nourriture explique leur non corruptibilité, leur immortalité.


La viande ne se mange qu’au sacrifice, le végétarisme est subversion (nous verrons les subversions, pythagoricienne, par le haut, vers les dieux, régime végétarien, refus de consommer des viandes, et dionysiaque, par le bas, vers les animaux, régression, prônant la consommation du cru et du froid.)
L’important c’est de manger ensemble, en choisissant les portions qui « relient » le plus les mangeurs entre eux.


Les viscères nobles, « splancha », sièges de la vie et responsables de l’unité du corps animé, sont prélevées en premier. Les viscères sont saisies sur les flammes, enfilées à des broches, « les obeloi ».


Les viandes sont bouillies dans un chaudron, instrument obligé de la cuisine sacrée.
Chacun aura sa part « égale » à celle des autres.


La cuisine du sacrifice, c’est d’abord l’accès « égal » aux viandes communes, base de la démocratie.

Les contestations pythagoricienne, orphique, dionysiaque, cynique.

Le refus de la cité et de ses valeurs, que proposèrent quatre mouvements contestataires, les Pythagoriciens, les Orphiques, le Dionysisme et les Cyniques, se construira dans un renversement du système politico-religieux dominant qui détermine la vie alimentaire.


Dépassement par le haut du système, en direction des Dieux, ou, à l’inverse par le bas, du côté des bêtes.


Pythagoriciens et Orphiques explorent la première voie.


Le Dionysisme et le Cynisme empruntent la seconde.

Les Pythagoriciens.

Les Pythagoriciens rejettent toute forme d’alimentation carnée. Pour ces végétariens de stricte observance, tout sacrifice sanglant est un meurtre et, à la limite, un acte, nous le verrons, d’anthropophagie, qu’ils dénoncent à travers, entre autres, leur représentation de la fève.


Grâce à sa tige sans nœud, la fève établit avec le monde des morts, dont elle relève par ses affinités avec le pourri, la même communication directe qu’assurent les aromates avec le monde des Dieux, auxquels ces substances appartiennent par leur qualité solaire et leur nature desséchée.


La fève est un être de chair et de sang, le double de l’homme issu du même fumier, de la même décomposition (cf. « homo /humus » et la « palingénésie »).


Pour les Pythagoriciens, « c’est crime égal de manger des fèves et de ronger la tête de ses parents ».
Une odeur, tantôt celle du sperme, tantôt celle du sang versé, se dégage d’une fève rongée ou écrasée !

Les Orphiques.

Les Orphiques, dont le mythe fondateur résulte du sacrifice alimentaire du jeune Dionysos, déchiré puis dévoré par les Titans, après une préparation culinaire, où les chairs bouillies sont ensuite rôties, prônaient, eux aussi un « bios orphikos», sensiblement le même que celui des Pythagoriciens.

Le Dionysisme.

Le dépassement du Dionysisme s’accomplira par le bas. Grâce à l’ « ômophagia » qui consiste à dévorer la chair crue d’un animal pourchassé dans les montagnes (« oribasie ») et déchiqueté tout vif au mépris des règles en usage dans le sacrifice « politique », l’humanité et la bestialité se confondent en s’interpénétrant, proposant une « extraordinaire expérience », d’une altérité divine.

Les Cyniques.

Le Cynisme vise également le retour à une sauvagerie primitive.
Mais alors que le mouvement dionysiaque se situe principalement sur le plan religieux, le Cynisme est une forme de pensée qui s’attaque à l’ensemble de la société, une véritable remise en question de la « Polis » et de la civilisation.


Protestation, critique généralisée de l’état civilisé, dénigrement de la vie dans la cité, refus des biens matériels produits par la civilisation.
Effort pour retrouver la vie simple des premiers hommes, qui buvaient l’eau des sources et des fruits de la nature, bref un retour prôné à l’état de nature.
Pour réapprendre à manger des herbes crues, deux paradigmes : les peuples sauvages et les animaux !


Diogène disputait à des chiens des morceaux de poulpe cru !


La déconstruction du système de valeurs qui fondent la culture passait par l’abolition de nombreux interdits culturels, dont la prohibition de l’inceste.
« Pourquoi Œdipe se lamente-t-il d’être à la fois le père et le frère de ses enfants, et d’être en même temps l’époux et le fils de la même femme ?
Les coqs, les chiens et les ânes ne font pas temps de bruit… ni d’ailleurs bien des peuples (dits) « barbares ». Diogène de Sinope.


Le paradoxe fut de constater, qu’au terme de leur contestation, le comportement des Pythagoriciens se confondait avec celui des Cyniques !
Mais c’est bien le modèle « Dieux/ Hommes/ Bêtes », définition de la condition humaine dans le monde grec civilisé, qu’entendait contester, voire renverser ces quatre mouvements subversifs.

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Avec

Georges Gensane

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