Federico Garcia Lorca, le chantre de l'Andalousie
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Au sud-ouest de Grenade, la Huerta de San Vicente n'a rien perdu de son charme : sa façade blanchie à la chaux, ses volets peints en vert, la paisible demeure au style traditionnel est entourée d'un vaste jardin où les visiteurs se promènent parmi les cyprès et les figuiers, dans une atmosphère rafraîchissante. C'est dans ce cadre idyllique que séjourna tous les étés, à partir de 1926, la famille de Federico Garcia Lorca.
Au sud-ouest de Grenade, la Huerta de San Vicente n'a rien perdu de son charme : sa façade blanchie à la chaux, ses volets peints en vert, la paisible demeure au style traditionnel est entourée d'un vaste jardin où les visiteurs se promènent parmi les cyprès et les figuiers, dans une atmosphère rafraîchissante. C'est dans ce cadre idyllique que séjourna tous les étés, à partir de 1926, la famille de Federico Garcia Lorca.
Âme et icône de sa région, enfant adoré de son peuple, le célèbre poète y a écrit parmi ses plus belles pages : Noces de Sang, Poèmes galiciens, Pleur pour Ignacio Sánchez Mejías et le Romancero gitan, que d'aucuns considèrent comme son œuvre majeure. À l'intérieur de la maison-musée, des objets personnels sont exposés : photos, dessins, tableaux, manuscrits... Tous conservent la mémoire de celui qui a dépeint l'Andalousie avec une couleur si tendre, si touchante, dans des vers imprégnés de senteurs, de visions et de mélodies, qui nous invitent à un voyage musical extraordinaire. Car telle est la magie de l'écriture de Lorca : on respire à chaque ligne le parfum des orangers et des citronniers, on traverse les grandes oliveraies du pays, les grandes plaines au charme désolé, on chemine le soir par les rues de Grenade ou de Séville où l'on rencontre parfois, en levant la tête, le regard d'une gitane penchée sur son balcon nous adressant quelque romance mélancolique... On entend résonner les cloches de Cordoue dans le petit jour, les airs dramatiques d'un cante jondo — le « chant profond » flamenco que Lorca avait étudié, jeune, avec son maître Manuel de Falla —, un concert de guitares dans un cabaret, une chaleureuse et vibrante séguedille, le clapotement des castagnettes au coin d'une rue... On y découvre en somme l'Andalousie de son cœur, une Andalousie folklorique et pleine d'authenticité. Antonio Machado, à ce propos, ne disait-il pas que « tout ce qui n'est pas folklore est plagiat » ? Lorca était pureté, vérité parce qu'il incarnait son peuple et savait restituer ses traditions, ses états d'âme et ses aspirations.
Aspirations de liberté, principalement, dans le contexte politique espagnol des années 1930. En sortant de la maison-musée de la Huerta de San Vicente, impossible de ne pas se rappeler que c'est ici aussi, dans ce lieu où il a passé tant d'heureuses années, que l'écrivain est venu se réfugier en 1936, traqué par les rebelles anti-républicains, conscient qu'il allait vers une mort presque certaine. Mais la poésie survit à la mort, et les valeurs qu'elle charrie sont invincibles, se transmettant de génération en génération. Telle est une des leçons de la poésie de Federico Garcia Lorca, chantre de l'Andalousie et de la liberté.
« Si je meurs / laissez le balcon ouvert »...
J. Streiff
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