Chtchoukine, collectionneur boulimique
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Reste-t-il quelque chose à écrire sur la merveilleuse exposition que nous présente la Fondation Louis Vuitton, jusqu'au 20 février 2017 ? La presse s'en est emparée et tout semble déjà écrit. Sauf peut-être sur le bâtiment, inauguré en 2014, que l'architecte Franck Gehry, auteur déjà de nombreux chefs-d’œuvre comme le musée Guggenheim de Bilbao, le DZ Bank Building de Berlin ou la New York Tower, a voulu emblématique du XXIè siècle. Bernard Arnault lui a commandé « pour Paris, un lieu d'exception pour l'art et la culture ». C'est un bâtiment puissant, audacieux et à la fois poétique, qui se joue de la pesanteur et se profile sur le ciel tel un navire : l'émotion est convoquée avant même d'avoir franchi les portes !
Reste-t-il quelque chose à écrire sur la merveilleuse exposition que nous présente la Fondation Louis Vuitton, jusqu'au 20 février 2017 ? La presse s'en est emparée et tout semble déjà écrit. Sauf peut-être sur le bâtiment, inauguré en 2014, que l'architecte Franck Gehry, auteur déjà de nombreux chefs-d’œuvre comme le musée Guggenheim de Bilbao, le DZ Bank Building de Berlin ou la New York Tower, a voulu emblématique du XXIè siècle. Bernard Arnault lui a commandé « pour Paris, un lieu d'exception pour l'art et la culture ». C'est un bâtiment puissant, audacieux et à la fois poétique, qui se joue de la pesanteur et se profile sur le ciel tel un navire : l'émotion est convoquée avant même d'avoir franchi les portes !
Sur le collectionneur et surtout sur les circonstances et l'époque qui, en Russie, à cheval entre le XIXe et le XXe siècle, correspond à ce que vivait notre propre pays au même moment : une révolution industrielle qui fait passer les classes dominantes que sont l'aristocratie et la noblesse derrière les marchands et autres négociants qui deviennent les maîtres du temps, récupérant au passage une main d’œuvre nombreuse due à l'abolition du servage. De Moscou à Saint Saint-Pétersbourg, le mécénat d'art est soutenu par cette nouvelle classe de « marchands ». Les collectionneurs se nomment Trétiakov qui crée sa propre galerie à Moscou que l'on visite toujours, Tsvietkov, Morozov, industriel du textile fanatique des « nabis », ami de Maurice Denis qui transforma son hôtel particulier de Moscou en galerie d'Art qui fermera ses portes en 1948, après avoir été nationalisée en 1918 et Chtchoukine.
Sergueï Chtchoukine, issu de l'industrie du textile, vit avec sa famille au palais Troubetskoï à Moscou. La bâtisse est immense et il faut habiller les murs pour afficher sa réussite. Ses frères, collectionneurs avant lui, l'initient à l'Impressionnisme d'abord, puis grâce au galeriste Ambroise Vollard, il découvre successivement Gauguin, Matisse et... Picasso : autant dire des artistes hors des sentiers battus ! On s'interroge sur ce qui a bien pu lui donner ce goût avant-gardiste. Sa vie se remplit de drames avec la perte de son fils aîné (lors de la Révolution de 1905) puis de sa femme en 1907, les suicides de son frère l'année suivante et de son deuxième fils en 1910 . Désespéré, anéanti, il voyage en Égypte, visite le monastère Sainte-Catherine et y découvre des icônes qui lui donnent l'idée de consacrer une « iconostase » à Gauguin. De retour à Paris, il se met à acheter des tableaux à des prix mirobolants, il est littéralement sous emprise , comme hypnotisé et achète jusqu'à trente tableaux par an, il ne marchande jamais. C'est lui qui commande à Matisse La Danse et La Musique malgré le tollé suscité au Salon d’Automne. Comment, par quel sortilège a-t-il eu foi en ses choix ? Consacrer une salle entières aux premières tentatives cubistes de Picasso paraît un défi ! Outre l'élite moscovite, Chtchoukine ouvre ses portes au public dès 1908 et en particulier aux jeunes artistes qui découvrent grâce à lui l'avant-garde parisienne. Mais la Révolution d'octobre, en 1917, interrompt ses activités, sa collection est nationalisée et un an plus tard Chtchoukine quitte définitivement Moscou pour la France où l'attend une vie paisible avec sa seconde épouse. Il meurt à Paris en 1936 sans avoir revu un seul de ses chefs-d’œuvre !
Conscient de ce qui se cache derrière cette « boulimie » de collectionneur, le public apprécie en connaissance de cause les quelques seize toiles de Gauguin, toutes issues de Tahiti et des Marquises, que le collectionneur accrocha bord à bord dans sa salle à manger, à la manière d'une iconostase, comme si de cet accrochage dépendait le repos de son âme tourmentée...
I.Aubert
Pour en savoir plus, consultez le site de la fondation Louis Vuitton.
Crédit photo : ©Fondation Louis Vuitton - Martin Argyroglo
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