A l’heure du voyage, du cadran solaire à la montre

Du cadran solaire portatif à la montre-bracelet, le voyageur a, depuis l’Antiquité, voulu suivre le cours du temps. Petite histoire de cette extraordinaire invention.  

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Dans l’Antiquité, on ne conçoit pas tout à fait le temps qui passe de la même façon qu’aujourd’hui. Les Babyloniens divisent déjà la journée en douze heures : mais la durée de ces « douzièmes » varie en fonction du lever et du coucher du soleil. La journée, comme l’heure, est donc plus longue en été et plus courte en hiver, et varie aussi selon la latitude. Ce sont encore une fois les Babyloniens (vers VIe siècle avant J.-C.) qui seraient à l’origine d’une invention superbement pratique : le cadran solaire. Les premiers exemplaires attestés par les sources et l’archéologie sont toutefois attribués aux Grecs, entre le Ve et le VIe siècle avant J.-C. Ils se diffusent ensuite à Rome, qui en produit un des plus célèbres, le cadran de Catane, daté de 263 avant J.-C. 

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Horloge solaire du temple d'Apollon, Pompéi, av. l'an 79

Les horologia portatives antiques  

L’instrument, qui indique le temps solaire par déplacement de l’ombre d’un gnomon (sorte d’aiguille ou de style) sur un ensemble de repères, est rapidement adapté en versions plus petites, au point de pouvoir être transporté sur soi. Vitruve, dans son traité De architectura (vers -15), décrit plusieurs modèles de cadrans portatifs : les horologia viatoria (horloges de voyage) et les horologia pensilia (horloge à suspendre), dont l’existence est confirmée par les archéologues. Réalisés en bois, en os ou en métal, ces objets peuvent être prévus pour une latitude unique, ou sont adaptables à toute latitude (l’inclinaison du style peut être réglée, ou plusieurs marquages sont prévus en fonction de la localisation). Les cadrans portatifs sont aujourd’hui classifiés en six catégories distinctes. Les cadrans à suspendre du type « jambon de Portici », d’abord, dont on a retrouvé qu’un seul exemplaire à Herculanum. En bronze, sa forme ressemble à celle d’un jambon, et il n’est calibré que pour une seule latitude. Le cadran plat à suspendre est un disque percé de trous rayonnant ; deux ont été trouvés, un en os et un en pierre. Trois exemplaires du cadran cylindrique vertical ont été découverts à Este et Amiens : il s’agit d’un cylindre creux aux parois gravées des lignes horaires, sur lesquelles l’ombre d’un style rétractable se projette. On trouve également des cadrans-disque perforés prévus pour différentes latitudes et transportés dans des boîtes ornementées. Les cadrans à anneaux sont constitués de deux ou trois cercles métalliques articulés. Un seul exemple a été retrouvé, sur le site de Philippes, en Grèce. Enfin, les cadrans-disques à bras pivotant peuvent être adaptés à toutes les latitudes grâce à la mobilité du gnomon. Le voyageur antique - qu’il soit savant, marchand ou militaire – peut donc garder un œil sur l’écoulement du temps grâce à ces ingénieux outils.  

Renaissance et perfectionnement  

Les cadrans solaires portatifs se diffusent durant l’Antiquité et continuent d’être utilisés au Moyen Âge, surtout dans le monde arabo-musulman. Les cadrans à anneaux deviennent les anneaux astronomiques, plus complexes, tandis que les cadrans cylindriques verticaux sont « redécouverts » par des moines, devenant les cadrans de berger. Au XIVe siècle, les horloges mécaniques à poids apparaissent en Italie, et près de deux siècles plus tard, c’est au tour des premières horloges portatives – que l’on appelle au départ « horloge de montre », une horloge que l’on peut « montrer » facilement – de voir le jour. On en attribue souvent l’invention à l’horloger allemand Peter Henlein, mais des documents font état d’objets similaires à une date antérieure. Quoi qu’il en soit, l’origine du créateur supposé et la forme ovoïde des boîtiers ouvragés protégeant le mécanisme donnent à ces montres primitives le surnom d’« œufs de Nuremberg ». Réservés aux élites, elles sont surtout décoratives, car elles manquent encore de précision. Elles se portent en pendentifs, suspendues au cou ou à la ceinture. A partir de la fin du XVIe siècle, les progrès techniques permettent de miniaturiser encore davantage les mécanismes, et les boîtiers deviennent moins volumineux. Les horlogers aplatissent progressivement les montres, jusqu’à ce qu’elles puissent se glisser, avec la mode masculine des pourpoints et des gilets, dans la poche appelée « gousset ». Pour ne pas perdre cette montre de gousset, ou montre à gousset, on l’attache à une chaînette. Pour les dames, les horlogers créent des montres-bracelets, qui sont avant tout des bijoux précieux. Il faut attendre la fin du XIXe siècle et la guerre des Boers pour que la montre-bracelet se démocratise chez les hommes, via une utilisation pratique et militaire.   

L’essor du voyage et de l’importance accordée au temps  

A partir du XVIIIe siècle, le voyage d’agrément s’installe dans les pratiques des élites occidentales. Les progrès techniques permettent de voyager plus loin et plus vite ; la relation à l’espace est modifiée, et le rapport au temps se rigidifie. Les outils de mesure et de marquage du temps se démocratisent. A l’époque, bien sûr, garder le fil du temps présente bien plus de difficultés qu’aujourd’hui, où il suffit de laisser son smartphone faire le travail. La montre est un objet capricieux qui doit être soigneusement entretenu et remonté, et qui manque souvent malgré tout de précision. Le voyageur doit aussi prendre en compte les conséquences des changements de latitude induits par de grands déplacements. Les horloges ne sont pas présentes de manière équivalente partout, ce qui les empêche d’avoir un point de référence. Les heures ne sont, en plus, pas encore standardisées, et certaines régions ont une manière de compter différente, ce qui ajoute encore à la confusion. Malgré cela, la montre devient rapidement un élément essentiel des bagages du voyageur, et n’a cessé de se perfectionner depuis. 


Anna F.


À la suite de cette histoire du temps, partez en Suisse, berceau du savoir-faire horloger, pour approfondir cet héritage avec nos conférenciers Intermèdes.

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