Miró-Picasso, des liens profonds et une estime réciproque
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Découvrez les destins de deux artistes exceptionnels liés par une estime réciproque : Pablo Picasso l'extravagant, et Joan Miró, le timide.
Le 8 avril 1973 disparaissait Pablo Picasso à Mougins. Dix ans plus tard, le 25 décembre 1983, Joan Miró mourrait à Palma de Majorque. Les chemins des deux créateurs de génie n’avaient cessé de se croiser. Si Picasso, né à Malaga en 1881, n’était pas catalan d’origine, il a été fortement marqué par le dynamisme et le modernisme de Barcelone où sa famille s’est installée à partir de 1895. Cinq ans plus tard, alors qu’il a dix-neuf ans, il part à Paris et se fixe en France. Quant à Miró, il était né à Barcelone le 20 avril 1893 et y avait débuté son parcours artistique. Résident fréquemment à Paris puis à Palma de Majorque durant toute sa vie, il se définissait comme un "Catalan international".
Quand Pablo Picasso quitte Barcelone en 1900, Joan Miró n’a que sept ans, mais leurs destins vont se croiser par la suite. Miró, qui avait étudié durant quelques années le commerce, selon les vœux de son père, s’était finalement consacré à l’art, fréquentant des académies libres et des cercles de créateurs dans la capitale catalane. Il avait découvert avec passion les peintures impressionnistes, fauvistes et cubistes. S’étant installé dans son propre atelier en 1915, il avait présenté en 1918 sa première exposition. En 1920 il se fixe à Paris, alors que sa notoriété se développe. Il sera alors influencé par le cercle des poètes surréalistes, signant en 1924 le Manifeste du surréalisme d’André Breton, pour qui Miró est "le plus surréaliste d'entre nous".
A cette époque, Picasso est déjà célèbre. Entre 1901 et 1904, influencé par le Greco, il a peint des mendiants, des aveugles, des pauvres… Ses teintes dominantes sont à l’origine du nom "période bleue". Durant la "période rose" entre 1904 et 1906, il exprime des références au monde du cirque, du théâtre, des zoos… Dès 1907, il est marqué par l'art africain, en vogue à Paris : ses masques du Congo lui inspirent certaines figures des Demoiselles d'Avignon, œuvre interprétée ensuite comme la première création cubiste. En effet, de 1907 à 1914, Picasso et Georges Braque exécutent des peintures caractérisées par une décomposition géométrique des formes représentées, souvent carrées, qui a donné son nom au mouvement cubiste. Durant la guerre, il n’est pas mobilisable du fait de sa nationalité espagnole, et il réside couramment en Italie avant de revenir à Paris.
Miró rencontre Picasso à Paris en 1920. Il avait déjà fait la connaissance de sa mère à Barcelone, souhaitant voir des tableaux que Picasso y avait laissés. Les ardeurs du jeune peintre sont calmées par son aîné :
« Faites exactement comme si vous attendiez le métro : il faut faire la queue. Attendez votre tour, voyons ! »
Mais Picasso comprend l’œuvre de Miró, comme ce dernier le note : "Au début, Picasso était naturellement réservé avec moi - ces derniers temps, après avoir vu mon travail, très expansif ; des heures de conversation dans son atelier, très fréquemment". Une estime et une amitié réciproques s’installent entre les deux peintres de tempéraments si différents : Picasso est jovial et extraverti alors que Miró est timide et taciturne.
Miró est un idéaliste peu fortuné mais critique sur la dimension mercantile de la création picturale, qui doit refléter l’expression de l’idée immédiate de l’artiste sans se soucier de la clientèle. A cet égard, il critique Picasso, homme bien installé dans la bohème parisienne, sensible au succès. Il écrit : "Picasso, très beau, très sensible, un grand peintre. La visite de son atelier m'a fait sombrer. Tout est fait pour son marchand, pour l'argent. Une visite chez Picasso, c'est comme visiter une ballerine avec plusieurs amants..."
Picasso et Miró sont unis contre le régime franquiste. Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1937, pendant la guerre civile en Espagne, est créé un pavillon anti-franquiste qui fait face au pavillon nationaliste. Deux œuvres emblématiques des deux peintres y sont placées côte à côte. Guernica de Picasso traduit les atrocités du bombardement de cette ville, le 26 avril 1937. C’est aujourd’hui un des tableaux les plus célèbres au monde (conservé au musée Reina Sofía de Madrid). A côté, Le Faucheur de Miró évoque un paysan catalan tête haute et bras levés, une faux dans sa main droite, en hommage à l'hymne Els Segadors, ("Les Faucheurs"), chant de ralliement des Catalans républicains pendant la guerre d'Espagne. Cet immense tableau a été perdu en 1938, mais il existe encore des photos.
A côté de cette vision politique commune et de cette amitié partagée, les deux hommes baignaient dans des univers artistiques différents. Miró admirait le perfectionnisme virtuose de Picasso fondé sur le cubisme, alors que lui-même s’était créé un monde onirique inspiré par le surréalisme, mais se référant aussi au fauvisme, au cubisme, à l'art naïf et à l'abstraction… Picasso avait dans sa collection deux tableaux de son ami, L'Autoportrait (1919) et le Portrait d’une danseuse espagnole (1921), exposés actuellement au musée Picasso de Paris. Il était toujours impatient de voir les dernières créations de Miró, et disait de lui : « nous habitons le même monde ».
A l’occasion du cinquantenaire de la mort de Picasso, à Barcelone, ville à laquelle étaient liés les deux peintres, la Fundació Joan Miró et le Museu Picasso ont conjointement préparé une grande exposition qui s'est tenue simultanément dans les deux institutions du 19 octobre 2023 au 25 février 2024. On y a retrouvé des œuvres que Miró et Picasso présentèrent lors d'expositions conjointes mais aussi des témoignages de leur amitié et de leurs centres d’intérêt. Un regard croisé sur deux géants de l’art du XXe siècle.
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