Qui était Lawrence d'Arabie ?

Qui était ce "petit freluquet mal fagoté", selon les mots de Winston Churchill, ou encore "l’émir dynamite" incarné à l’écran par Peter O’Toole, dans le célèbre film de David Lean de 1962, Lawrence d’Arabie ? Archéologue, agent de renseignement, chef de guerre, écrivain, Thomas Edward Lawrence est un personnage inclassable. Né en 1888 de l’union illégitime de son père Thomas Chapman, aristocrate aisé, et de la gouvernante de ses quatre filles, Lawrence gardera de ses origines un tempérament irrévérencieux, indiscipliné, faisant fi de toutes conventions, et un profond attachement à la liberté.

Le parcours de Thomas Edward Lawrence

Étudiant à Oxford, passionné d’archéologie, de Moyen Âge et de chanson de geste, il sillonne à vélo les routes des châteaux forts de la France à la Libye, découvre le monde arabe, et se fascine pour le crac des chevaliers en Syrie. 

Charismatique et meneur d’hommes, il est envoyé en Arabie auprès du chérif Hussein de la Mecque, se lie d’amitié avec son fils Fayçal avec qui il organisera la Grande révolte arabe contre les Turcs, dont il prendra la tête entre 1916 et 1918. Lawrence d’Arabie était né... Il découvre alors en profondeur le monde du désert et ses habitants, l’Arabie agira sur lui comme un révélateur et le miroir de sa personnalité complexe.

La vision de T.E Lawrence sur le monde arabe

Dans la préface du livre de Charles Doughty Arabia Deserta et dans son ouvrage Les Sept Piliers de la sagesse, il expose sa vision du monde des Arabes du désert :

Le désert inhibe les jugements pondérés ; sa nudité, son absence de limites rendent ses habitants francs. Les hommes y livrent leur pensée spontanément et sans réserve.

Dans le désert, les mots ont un contour net. Le désert est un lieu de sensations fugitives, de jugements payés comptant. Les hommes ne suspendent pas le cours de leur pensée pendant des jours pour arriver à une opinion juste et équilibrée. Ils disent bon tout de suite quand c’est bon, ou mauvais tout de suite quand c’est mauvais.

C’est un peuple sûr de lui qui méprise le doute, cette couronne d’épines de notre monde moderne. Leur plus grande production, ce sont les croyances. Ils ont le monopole des religions révélées, découvrant toujours un antagonisme entre le corps et l’âme, donnant la priorité à l’âme. Le Bédouin est né et a grandi dans le désert ; il a embrassé de toute son âme cette aridité trop rude pour les volontaires, pour la raison, perçue mais non exprimée, qu’il s’y sent lui-même indiscutablement libre.

Il abandonne tous les liens naturels, tous les éléments superflus qui rassurent, toutes les complications, afin d’accéder à cette liberté individuelle qui va de pair avec la famine et la mort. Sa vie lui procure l’air et les vents, le soleil et la lumière, les espaces libres et le grand vide… 

Barbara Lepecheux