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CRANACH, HOLBEIN, GRUNEWALD : Trois étoiles de la Renaissance allemande

En novembre 2010, le Louvre lançait une campagne d’appel aux dons, d’une ampleur inédite, en vue d’acquérir un chef-d’œuvre de la Renaissance : Les Trois Grâces de Lucas Cranach l’Ancien. Les journaux et les chaînes de télévision s’étant fait l’écho de cet appel, un public immense a pu faire la connaissance de ce superbe tableau peint sur un petit panneau de bois, en 1531. Sept mille deux cents dons ont rendu possible l’acquisition de cette œuvre d’une étonnante perfection ajoutée à une grande rareté et d’un parfait état de conservation, qualités qui ont permis de lui reconnaître le statut de « Trésor National » ce qui lui assure l’obligation de rester française.

« Toute œuvre d’art est déterminée par l’époque qui l’a vu naître, par son lieu d’origine et la structure de la société dont elle est issue et non moins essentiellement par le génie de l’auteur », écrivait Kurt Martin, un des conservateurs en chef du Kunsthalle de Karlsruhe. Il est donc indispensable de regarder vers la Renaissance allemande pour situer les peintres qui vont, à partir d’avril 2015, faire l’objet d’une belle exposition au Musée des Cultures de Bâle.
Au XVe siècle, l’Allemagne n’avait pas de capitale, la plus grande ville était Cologne (importante aussi en Europe), elle devait sa prééminence, non seulement à son industrie et à son port de transit, mais encore à son archevêché dont le titulaire était le premier et le plus puissant électeur d’empire. La floraison de la peinture primitive allemande n’était pas subordonnée au pouvoir politique : le Saint Empire était alors faible et mal gouverné. Le peintre n’était pas un artiste, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais un artisan responsable devant sa corporation et devant la municipalité. Dans les Pays-Bas ou en France, il servait comme « valet de chambre » ou comme « peintre du roy », pas étonnant que l’art y ait été un art de cour, aristocratique, subtil, brillant, tandis qu’en Allemagne, il se fait bourgeois, démocratique, fleurant le terroir, vigoureux jusqu’à la rudesse, sans raffinement et pourtant capable des plus délicates émotions… Comme aux époques antérieures, les thèmes sont fournis par l’Eglise. Dans la peinture de cette école, plus encore que dans celle des autres pays, la signification esthétique, qui nous est primordiale, s’efface devant l’exigence religieuse ; le public ne voyait dans l’œuvre d’art que la manifestation concrète de ses pieuses conceptions. On peut ainsi comprendre la faveur particulière que le retable a connue en Allemagne. Nombreuses sont les peintures primitives allemandes à avoir subsisté en dépit des destructions de la Réforme et des ravages causés par les guerres. On regrette que ce pays n’ait pas eu un Vasari pour transmettre à la postérité les biographies de ses propres artistes… Les œuvres portent donc le nom de Maître de… qui ne nous en dit pas beaucoup sur l’artiste ! Sans doute est-il bon pour l’art que l’ouvrier ne soit pas trop séparé de l’artiste mais en Allemagne cette confusion allait trop loin. Les règlements des corporations étaient, pour les artistes, une grande gêne. De Venise, Albrecht Dürer écrivait à un ami : « O combien je soupirerai après le pays du soleil ! Ici, je suis un prince, et dans mon pays un simple pique-assiette. » Il appartiendra à Dürer de recueillir tout l’héritage du « spätgotik », le gothique tardif, non content de ce qu’il a reçu par tradition, le Vinci allemand, épris d’universel, le cherche dans le monde autant que dans l’esprit et part en quête de l’Europe, à Venise et à Anvers. A l’heure où s’achève le siècle, Dürer se place à la charnière des deux écoles et ouvre les portes de la Renaissance à Grünewald, Cranach l’Ancien et Holbein le Jeune.
Mais Matthias Grünewald reste à la marge. Son œuvre incroyablement puissante dégage un rare pouvoir émotionnel comme le prouve le fameux retable d’Issenheim. Pour lui, l’art n’est pas la recherche des lois secrètes de la beauté, il n’a pour but que de proclamer les saintes vérités enseignées par l’Eglise. Son œuvre nous rappelle utilement qu’un artiste peut être grand sans apporter sa contribution au « modernisme » de son époque…
Avec Lucas Cranach, entre en scène une fertilité, une richesse de variété qu’on peut comparer à la peinture italienne du Quattrocento. Lucas Sünder était natif de Cranach, en Franconie. Il passa la plus grande partie de sa vie en Saxe où il fonda une école. D’abord peintre de paysages, son style change après sa nomination de peintre attitré de la cour des Wittenberg. Portraits, nus et scènes de chasse montrent un art décoratif et stylisé qui fait sa renommée. Il est à la tête d’un atelier prospère que fréquente son fils et qui copie en plusieurs exemplaires ses œuvres les plus populaires tout en changeant un détail. En pleine guerre de Religions, il s’engage au côté de Luther mais n’en continue pas moins de peindre ces beautés au teint laiteux, quelque peu longilignes, reconnaissables entre toutes, tirées de sujets païens ou de l’Ancien Testament, dont on dit qu’elles révèlent un érotisme recherché !
Descendant d’une longue lignée de peintres, Hans Holbein le Jeune s’impose très tôt comme peintre et dessinateur de grand talent. Il fait ses débuts dans un atelier de Bâle, Il rencontre l’humaniste Erasme de Rotterdam qui l’adresse à Londres où il devient peintre attitré de la cour et de l’aristocratie d’Angleterre. Il y peint des portraits d’un réalisme et d’une précision étourdissants ainsi que des fresques décoratives et des retables. Ses œuvres donnent l’impression de voir les personnages en chair et en os comme ce portrait d’Henri VIII ou celui d’Anne de Clèves. Son « Christ au Tombeau » demande qu’on s’y attarde tant la réalité physique de la mort s’y révèle crûment. On pourrait croire qu’il avait eu la prémonition de sa fin injuste : il fut emporté par la peste de 1543.

I. A.

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