Familles d’artistes | Chapitre 2 : la peinture en héritage, du XVIIe au XIXe siècle

De la fin du XVIIe siècle au XIXe, plusieurs familles d’artistes ont marqué durablement la scène artistique européenne, se transmettant caractéristiques esthétiques et savoir-faire, tout en développant leur propre style.

Les frères Le Nain : tous pour un

Antoine (né vers 1600), Louis (vers 1603) et Mathieu Le Nain (1607) naissent à Laon, dans le nord de la France. Issus d’une famille d’artisans aisés (leur père est sergent royal), ils reçoivent une formation artistique locale, probablement dans un environnement proche du caravagisme d’Europe du Nord. Les influences flamandes (Rubens, les frères Teniers) et hollandaises (Honthorst, van Baburen) se retrouvent dans leur goût pour les scènes de genre et les jeux d’ombre.

De manière originale, les frères signent collectivement leurs œuvres, refusant toute distinction individuelle. Leurs tableaux, comme Famille de paysans dans un intérieur, conservé au Louvre, présentent des scènes de la vie rurale dans une simplicité grave, avec des compositions équilibrées, un clair-obscur et une attention constante à la dignité des figures représentées. Influencés par le caravagisme et la peinture flamande, ils ont choisi de représenter le réel sans idéalisme, en rupture avec l'art officiel de leur temps. Si la main de chacun reste difficile à identifier, certains chercheurs associent à Louis les œuvres les plus structurées, à Antoine les scènes les plus intimes, tandis que Mathieu, après la mort de ses frères en 1648, évolue seul vers un style plus maniériste. Le lien artistique entre eux n’est pas, comme souvent dans les familles, un lien de maître à élève, mais bien celui d’un collectif.

Après une période d’oubli au XVIIIe siècle, les frères Le Nain sont redécouverts au XIXe siècle, notamment par Champfleury et Théophile Gautier, qui voient en eux des précurseurs du réalisme.

Les frères Le Nain, Famille de paysans dans un intérieur, 1642, musée du Louvre | Wikimedias Commons


Les Coypel, prestige de cour

À partir du règne de Louis XIV, la famille Coypel s’impose comme une dynastie artistique au service du pouvoir royal. Noël Coypel, né en 1628, devient peintre du roi et participe à la décoration de grands chantiers versaillais. Sa peinture reste dans la ligne classique tracée par Le Brun, avec des compositions mythologiques comme Le Triomphe de Galatée. En 1702, il devient directeur de l’Académie de France à Rome, poste prestigieux. Il y reste deux ans avant de revenir à Paris, où il meurt en 1707.

Noël Coypel, Le Triomphe de Galatée, cir. 1723 | Wikimedias Commons


Son fils Antoine, formé par ses soins puis envoyé à Rome, adopte une palette plus chaude, des compositions plus libres inspirées de Raphaël et des maîtres baroques italiens. Revenu en France, il devient premier peintre du roi Louis XIV et réalise de vastes fresques au Palais-Royal, dont plusieurs narrent la vie du héros Énée. Sa contribution la plus emblématique est la décoration du plafond de la chapelle du château de Versailles en 1716.

Antoine Coypel, plafond de la chapelle royale du château de Versailles, cir. 1715-1716 | Jebulon via Wikimedias Commons


Son propre fils, Charles-Antoine Coypel, poursuit cette ascension en diversifiant les genres : il est l’auteur d’une célèbre série de cartons pour les tapisseries des Gobelins, illustrant Don Quichotte dans un style narratif qui rencontre un grand succès en Europe. Il poursuit en plus une carrière littéraire et évolue à proximité de la cour, jusqu’à devenir à son tour premier peintre du roi.

Charles-Antoine Coypel, Don Quichotte attaché à une fenêtre, 1717 | Wikimedias Commons


Les œuvres des Coypel, longtemps associées à l’art officiel de l’Ancien Régime, ont connu une période d’oubli relatif après la Révolution française, comme beaucoup de productions académiques et royales. Le style classique, grandiloquent ou décoratif qu’ils incarnaient a été déconsidéré au XIXe siècle, éclipsé par les canons du romantisme puis du réalisme. S’ils sont aujourd’hui bien moins connus que Watteau ou Le Brun, la qualité des œuvres des générations de Coypel est aujourd’hui reconnue.

Les Vernet : marine, chasse et campagnes militaires

Claude Joseph Vernet, dit Joseph Vernet, est né à Avignon dans une famille d’artisans et de décorateurs. Dès l’adolescence, il manifeste un talent pour le dessin. Son père, lui-même peintre décorateur, l’encourage dans cette voie. À 18 ans, en 1732, il part pour Rome, véritable centre de formation pour les artistes européens, où il restera près de vingt ans, un séjour exceptionnellement long pour l’époque. Il y est l’élève d’Adrien Manglard, peintre français établi en Italie, spécialiste des marines. Giovanni Paolo Panini, maître des capricci architecturaux (paysages imaginaires combinant souvent des ruines et des bâtiments de différents styles de manière peu ou pas réaliste), l’influence aussi, et il s’imprègne de la tradition paysagère italienne (notamment Claude Lorrain et Salvator Rosa). À son retour en France, il est chargé par Louis XV de représenter les principaux ports de France dans une série de quinze tableaux, dont Le Port vieux de Toulon (1757) ou Vue du port de Rochefort (1763). Il devient alors une référence européenne en matière de marines.

Joseph Vernet, L'Entrée du port de Marseille, 1754 | Wikimedias Commons


Antoine-Charles, dit Carle Vernet, fils de Claude-Joseph, naît à Bordeaux. Il est formé dès son plus jeune âge dans l’atelier paternel, où il apprend un dessin rigoureux, les lois de la perspective et la composition des paysages. Il poursuit sa formation à Paris, et est admis à l’École royale des élèves protégés ; il remporte en 1782 le prestigieux prix de Rome avec sa toile La Parabole de l'Enfant prodigue. Il séjourne à Rome quelques années, mais revient rapidement en raison de la Révolution. À son retour, il prend une direction plus personnelle : scènes de chasse, chevaux, caricatures sociales, puis scènes militaires sous l’Empire. Son style est plus libre, plus nerveux que celui de son père, et il se spécialise dans la mouvance et l’observation du réel, tout en conservant une virtuosité académique acquise dans les institutions. Napoléon Ier lui offre la Légion d'honneur après avoir admiré la toile Le Matin d'Austerlitz.

Horace Vernet, Le Vésuve en éruption, l'artiste et son père, Carle Vernet, au premier plan, cir. 1822 | Wikimedias Commons


Fils de Carle, Horace Vernet est littéralement élevé dans l’atelier familial, au contact de son grand-père puis de son père. Très jeune, il se forme au dessin et montre un goût affirmé pour les scènes d’action. Il développe une grande maîtrise du trait, en particulier dans la représentation du mouvement et du cheval, qu’il perfectionne par l’étude directe du modèle. Il échoue au prix de Rome, mais se forge une belle carrière, rapidement soutenue par des commandes de l’armée et du pouvoir. Il ne s’approche pas de l’esthétique romantique de Delacroix, préférant un style narratif, clair et accessible, qui lui vaut une grande popularité. Il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome (1829-1835) et contribue à la formation de jeunes artistes. Ses grandes scènes de combat, comme La Prise de la Smala d’Abd el-Kader (1844), en font un grand chroniqueur des campagnes militaires du temps de Louis-Philippe et de Napoléon III.

 Horace Vernet, La Prise de la Smala d’Abd el-Kader, 1844 | Wikimedias Commons

 

Une exposition, un guide-conférencier

Vivez les grandes expos avec Intermèdes

Découvrez nos voyages culturels incluant la visite de magnifiques expositions à travers le monde, éclairé par le savoir et la passion de nos guides-conférenciers confirmés.

Découvrez tous nos voyages grandes expositions

Voyages susceptibles de vous plaire

Newsletters

Inscrivez-vous pour recevoir nos newsletters. Restez informés de nos nouveautés, de l’actualité culturelle et de nos offres en avant-première.

Intermèdes

Qui sommes-nous ?

L'esprit Intermèdes

Contact et localisation

Protection des données et cookies

Assurances

Nos partenaires

Services

Avantages clients

Programme de parrainage

Voyages sur mesure

Hôtels aéroports

Offrir un voyage

Paiements sécurisées

Qualité certifiée

Charte de qualité Fevad
Récompense Open to Dialog 2014
Noté 4,8 sur 5 sur Trustpilot
Groupama Assurance-crédit & Caution
Membre du SETO

© Copyright Intermèdes 2025

Mentions légales

|

Crédits

|

Plan du site