La carte, instrument de contrôle et outil de voyage

La carte et le voyageur : du marin au touriste

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Au XIIIe siècle, les premières cartes maritimes voient le jour : les portulans. De « portolano », à l’origine livre d’instructions nautiques décrivant les accès aux ports, il s’agit de cartes de navigation indiquant tous les points utiles aux marins. Elles seraient nées dans les cités maritimes des îles Baléares et du Nord de l’Italie ; le plus ancien exemple découvert est toutefois la Carte d’Avignon. L’apparence en est assez déconcertante au premier abord : des parchemins dessinés à la main sillonnés d’un enchevêtrement de lignes se référant aux points cardinaux. Y sont référencés les ports, les amers (points de repère fixe et visible en mer ou sur la côte) les courants, les hauts-fonds, les îles, les traits de côte… Les noms y sont écrits parallèlement à la côte, ceux des ports les plus importants sont rouge vif, les autres plus ternes. Des éléments de décoration sont ajoutés et varient en fonction des époques : des couleurs sont associées à différents éléments, comme les estuaires, les îles ou les villes ; des animaux marins ou terrestres sont parfois représentés. Le tout est accompagné d’une rose des vents, permettant de déterminer le cap à suivre. Les portulans, couplés aux instruments de navigation, ont joué un rôle essentiel dans les grandes expéditions d’explorations. 

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Un portulan de 1541 par Vesconte Maggiolo

Les cartes de navigation ne sont pas les premières cartes, mais elles sont les premières cartes à être réellement liées au déplacement. On trouve également des cartes, à partir du XVIIIe, dans les guides, alors que la tendance du voyage d’agrément prend de l’essor. Le Nouveau voyage de la France, L’indicateur fidèle, ou Le Guide bleu pour la France, se voient augmentés de la présence de cartes – mais qui, pour beaucoup, ont un but illustratif plus que pratique. Les cartes évoluent progressivement pour indiquer un itinéraire plus précis, mais les explications restent souvent assez floues, malgré une volonté affichée de les intégrer.  Le prospectus du guide L’indicateur fidèle (Michel Desnos, 1762), indique que : « Communément, celui qui entreprend une route consulte ceux qui l’on faite avant lui, s’il est en chemin il s’informe, à mesure qu’il avance, du nombre des lieues qui lui restent à faire, des endroits où il peut prendre ses repas, ou passer le temps de la nuit, et rarement on lui donne là-dessus des réponses précises. Avec une de nos Cartes, le Voyageur n’a aucun besoin de toutes ces demandes ; il voit tous les endroits par lesquels il doit passer, et une juste mesure de leur éloignement respectif ; il connaît en même temps les Bourgs, les Villages, les Hameaux, les Fermes, les maisons Religieuses, les Bois, les Prés, les Avenues, les Rivières, les Ponts, les Gués, les Ruisseaux, les Étangs, et les Marais, enfin jusqu’aux Montagnes et aux Plaines qu’il a à traverser. » 

Avec la mise en place des congés payés en 1936, les travailleurs français partent en vacances, armés de l’indispensable carte routière.  

Celle que l’on croyait dépassée par la brutale prise de pouvoir des GPS n’a pas dit son dernier mot : en 2021, la vente des cartes papier de France a augmenté de 5,8 % sur l’année selon l’entreprise Michelin. La crise du Covid explique les vacances plus locales, mais pas ce sursaut de la carte, qui reste fiable et pratique.  

 

De l’Antiquité au XIXe siècle : la carte comme compréhension et maîtrise du territoire  

Jusqu’au XIXe siècle, hormis pour la navigation, l’essence des cartes n’est donc pas d’aider les voyageurs à se repérer. La première carte retrouvée qui ambitionne de représenter tout le monde connu est l’œuvre du Grec Ptolémée en 150. Le traité auquel elle appartient, La Géographie, sera redécouvert et traduit par les savants perses et arabes durant l’expansion de l’islam, et diffusé dans l’Occident chrétien. Au XIe siècle, les cartes proviennent de l’Église catholique, qui figure le monde avec Jérusalem en son centre, l’Europe, l’Afrique et l’Asie comme seuls continents, entourés par l’océan. Comme les cartes grecques, qui transmettent surtout une vision cosmogonique du monde, elles font office de support de réflexion théologique et philosophique. Les premiers véritables travaux cartographiques datent du XIIe siècle : Muhammad Al Idrissi, un géographe arabo-andalou, établit une carte du monde, la Tabula Rogeriana (originellement le Nuzhat al-mushtāq fi'khtirāq al-āfāq, « le livre des voyages agréables dans des pays lointains »). Jusqu’au XVe siècle, l’ensemble des cartographes, cosmographes et fabricants d’instruments de navigation de l’île de Majorque forment l’école majorquine de cartographie, particulièrement réputée. La première carte de France est conçue en 1553 par le mathématicien et astronome Oronce Fine. Apparaît aussi, durant ce XVIe siècle, l’école de cartographie de Dieppe, qui prend rapidement de l’importance et préside à la création de nombreuses cartes et mappemondes. Les représentations s’affinent progressivement : s’y affichent tous les éléments du paysage grâce à des symboles universels, et on respecte une échelle précise.  

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Reconstitution de la carte du géographe Muhammad al-Idrisi, intitulée Tabula Rogeriana, dessinée pour Roger II de Sicile en 1154. La carte est orientée vers le sud. Le texte en arabe a été retranscrit en alphabet latin par le cartographe allemand Konrad Miller. Reproduction basée sur une copie de la fin du Moyen Âge (1300 ou 1486).

Au XIXe siècle, les missions cartographique reçoivent un soutien important des grandes puissances, désireuses de contrôler au mieux leurs territoires et les éventuels mouvements de populations – comme l’Angleterre, qui entend lutter contre les révoltes jacobines en Inde, et se lance pour cela dans une vaste opération de cartographie menée par l’Ordnance Survey. Aujourd’hui encore, avant d’être un instrument de voyage, la carte sert à délimiter les frontières, à recenser les ressources naturelles, à organiser la fiscalité en traçant les espaces fonciers, et à contrôler les réseaux routiers et militaires.  


Anna F.


Au fil des siècles, la Méditerranée a façonné l’art de se repérer : prolongez cette histoire en découvrant l’Italie du Nord, terre de navigateurs, de ports prestigieux et d’ateliers cartographiques.

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