Le romantisme national norvégien, ou la recherche d'une identité

Les artistes, écrivains et musiciens norvégiens recherchent et collectionnent les sagas, les chansons folkloriques et les vieux contes populaires. L’histoire ancienne devient la matière première d’un récit national. L’Heimskringla, la grande chronique des rois de Norvège écrite au XIIIe siècle par Snorri Sturluson, est hissé au rang de référence incontournable. Ces récits exaltent les figures de rois valeureux comme Harald Hårfagre, qui aurait unifié le pays au IXe siècle, ou encore Olav II, sanctifié après sa mort à la bataille de Stiklestad en 1030. Les réalités historiques se confondent avec les mythes, donnant aux personnages une aura héroïque et des allures d’icônes idéalisées.

Sur les hauteurs d’Oslo (alors appelée Christiania), le peintre Adolph Tidemand et le paysagiste Hans Gude signent en 1848 une toile emblématique : Brudeferd i Hardanger (Le cortège nuptial à Hardanger). Cette œuvre, célébrée comme un manifeste national, mêle folklore, costumes traditionnels et paysages grandioses. Le tableau fait sensation à Düsseldorf, où les deux artistes s’étaient formés, et est perçu comme une réponse picturale à la domination culturelle allemande.

Adolph Tidemand et Hans Gude, Brudeferden i Hardanger (Procession nuptiale sur le Hardangerfjord), 1848 | Wikimedia Commons

Edvard Grieg compose à la même période des œuvres inspirées des légendes nordiques et des mélodies traditionnelles. Sa musique pour le Peer Gynt d’Henrik Ibsen (1876) donne au théâtre norvégien une dimension épique. Le personnage de Peer, anti-héros errant entre le réel et l’imaginaire, reflète la quête d’un pays en train de s’inventer.

C’est aussi dans la littérature que le romantisme national prend racine. Les contes collectés par Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe, publiés dès 1841, rencontrent un succès immense. Ces histoires de trolls, de montagnes vivantes et de jeunes bergers courageux deviennent de véritables mythes fondateurs. Par leur langue, souvent tirée du dialecte rural, ces contes participent à la réhabilitation d’un norvégien vernaculaire, alors que le danois restait parlé par les élites. L’écrivain Bjørnstjerne Bjørnson, prix Nobel de littérature en 1903, fait de l’histoire norvégienne le cadre de ses drames nationaux. Dans Sigurd Slembe (1862), il s’inspire d’un roi excommunié du XIIe siècle, posant la question de la légitimité et de l’exclusion.

Ce cheminement artistique et intellectuel n'est pas qu’un retour nostalgique vers un âge d’or supposé. Il jette les bases de l’indépendance culturelle, prélude à l’indépendance politique de 1905, lorsque la Norvège met fin à l’union avec la Suède. Ce sont ces histoire, légendes et héros anciens qui ont donné au pays un sentiment d’identité et d’unité nationale.

Découvrez nos voyages culturels en Norvège

Avec Intermèdes, découvrez une Norvège à la fois sauvage et raffinée, faite d'une nature époustouflante et d'une culture d'une grande richesse. Séjour dans les villes dynamiques ou croisières à bord de l'emblématique Express côtier, aucune facette du pays n'est laissée de côté.

Découvrez tous nos voyages en Norvège