GUIDE | L'Albanie, une terre secrète
Revenir en haut
L’Albanie est une destination encore peu prisée des touristes internationaux. Ce territoire où se mêlent les sons de Byzance, de l’Empire ottoman et de la dictature soviétique est pourtant riche d’une histoire et d’une culture fascinante. Découvrez l’histoire, la géographie, les visites incontournables et nos conseils pour un voyage culturel réussi en Albanie.
L’histoire de l’Albanie prend racine bien avant l’émergence de ce nom. Dès l’âge du bronze, les Illyriens, un groupe de peuples indo-européens, occupent le territoire. Au IVe siècle avant notre ère, ils affrontent successivement les Grecs et les Romains. En 229 av. J.-C., les conflits entre Rome et la reine illyrienne Teuta annoncent le début de la conquête romaine. Après plusieurs campagnes militaires, l’Illyrie est annexée en 168 av. J.-C.
Loin d’être totalement assimilées, certaines régions montagneuses conservent leurs structures sociales et culturelles. C’est dans ces zones que les traditions illyriennes persistent. Certains chercheurs considèrent d’ailleurs que les Albanais seraient les héritiers directs des Illyriens, bien que cette idée ne fasse pas l’unanimité.
Teuta, reine d'Illyrie, recevant la visite d'ambassadeurs romains | Nastasic via Getty Images
Après la chute de l’Empire romain d’Occident, la région passe sous contrôle byzantin. À partir du VIe siècle, des populations slaves s’y installent, modifiant l’équilibre démographique des Balkans. Malgré cela, les habitants des zones montagneuses conservent une forte cohésion linguistique et sociale.
Au XIIIe siècle, alors que le pouvoir byzantin s’affaiblit, plusieurs familles nobles albanaises établissent des principautés. Celles des Topia et des Balsha dominent une partie du territoire. Mais c’est au XVe siècle qu’émerge une figure majeure : Gjergj Kastrioti, dit Skanderbeg. En 1443, il se détache de l’Empire ottoman, auquel il avait été livré en otage, et reprend la forteresse de Krujë. Il fédère les seigneurs locaux au sein de la Ligue de Lezhë en 1444, menant une lutte acharnée contre les Ottomans pendant près d’un quart de siècle.
À sa mort en 1468, les structures de résistance s’effondrent peu à peu. En 1478, la chute de Krujë marque l’intégration définitive de l’Albanie à l’Empire ottoman.
Entre 1478 et 1912, l’Albanie demeure sous domination ottomane. Ce long épisode transforme profondément la société. Une part importante de la population adopte l’islam, motivée par des raisons fiscales ou sociales. Le pays devient un carrefour religieux, où cohabitent catholiques, orthodoxes, musulmans sunnites et bektachis, ces derniers étant une branche mystique de l’islam.
Au XIXe siècle, alors que les nationalismes se réveillent à travers l’Europe, les intellectuels albanais commencent à organiser la défense de leur culture. En 1878, la Ligue de Prizren réclame l’unité et l’autonomie des territoires habités par des Albanais, face aux appétits des États voisins. Cette initiative marque la naissance du nationalisme albanais moderne.
Carte de l'Empire ottoman en 1593 | Wikimedias Commons
Profitant du bouleversement causé par les guerres balkaniques, l’Albanie proclame son indépendance le 28 novembre 1912, dans la ville de Vlorë, sous la conduite d’Ismail Qemali. L’année suivante, les grandes puissances reconnaissent cet État naissant, mais lui attribuent des frontières réduites, laissant de nombreuses populations albanaises en dehors, notamment au Kosovo.
Instable politiquement, le pays est dirigé de 1925 à 1939 par Ahmed Zogu, d’abord président, puis roi sous le nom de Zog Ier. Son règne, bien que modernisateur sur certains aspects, reste autoritaire. En 1939, l’Albanie est envahie par l’Italie fasciste, puis occupée par l’Allemagne nazie en 1941. La résistance s’organise, notamment autour du Parti communiste albanais, dirigé par Enver Hoxha.
À la libération, Enver Hoxha s’impose à la tête du pays et établit un régime d’inspiration stalinienne, particulièrement fermé. Dès les premières années, il coupe les liens avec la Yougoslavie (1948), puis avec l’Union soviétique (1961), et enfin avec la Chine maoïste (1978). L’Albanie devient alors l’un des pays les plus isolés au monde.
En 1967, il lance une campagne de destruction des institutions religieuses. Les cultes sont interdits, les lieux de prière fermés ou transformés. L’Albanie devient officiellement un État sans religion. La surveillance est généralisée, orchestrée par la Sigurimi, la police secrète. L’obsession défensive du régime se manifeste dans la construction de centaines de milliers de bunkers, encore visibles aujourd’hui.
Enver Hoxha, dirigeant de l'Albanie de 1944 à 1985 | Wikimedias Commons
La mort de Hoxha en 1985 ne met pas immédiatement fin au régime. Il faut attendre 1991 pour que des élections multipartites soient organisées. La transition démocratique est difficile. En 1997, l’effondrement de plusieurs systèmes de placements financiers frauduleux plonge le pays dans le chaos. La violence gagne les rues, et l’intervention de troupes internationales devient nécessaire.
Malgré ces crises, l’Albanie s’engage peu à peu sur la voie de l’intégration euro-atlantique. Elle devient membre de l’OTAN en 2009 et obtient, en 2014, le statut de pays candidat à l’Union européenne. Depuis 2020, les négociations d’adhésion sont en cours.
Tirana, devenue capitale en 1920, est aujourd’hui le cœur administratif, économique et culturel du pays. Ville en pleine mutation, elle combine les traces visibles de l’urbanisme fasciste italien, de l’architecture communiste rigide, et des aménagements contemporains. La place Skanderbeg, vaste esplanade centrale, est bordée de bâtiments emblématiques : la mosquée Et’hem Bey, le musée national d’Histoire, et l’ancien siège du parti communiste. Le quartier du Blok, autrefois réservé à la nomenklatura, est désormais un centre de vie nocturne et de consommation. Tirana constitue également un point de départ vers les Alpes, la côte ou les sites archéologiques du Sud.
La place Skanderbeg, Tirana, Albanie | Fani Kurti via Getty Images
La région nord est dominée par les Alpes albanaises (ou Prokletije), un massif karstique à forte verticalité, accessible depuis les vallées de Theth et Valbona. Ces zones, autrefois isolées, sont aujourd’hui reliées par un réseau de sentiers, ferries et routes de montagne. Le tourisme y est centré sur la randonnée, l’écotourisme et les traditions rurales. On y observe une continuité culturelle avec les pratiques ancestrales des communautés montagnardes, notamment le Kanun, ancien code coutumier régissant la vie sociale.
La ville de Shkodra, située au bord du lac éponyme, fonctionne comme une porte d’entrée du Nord. Elle conserve une structure urbaine ancienne et un riche patrimoine religieux, avec des mosquées, des églises et une citadelle surplombant les marais.
Parc national de Theth, alpes albanaises | SzymonBartosz via Getty Images
La région centrale, plus densément peuplée, concentre plusieurs sites à forte portée historique. Durrës, principal port du pays, conserve des vestiges romains importants : un amphithéâtre du IIe siècle, des thermes et des tronçons de la Via Egnatia, axe routier qui reliait Rome à Byzance. Si son front de mer est en partie défiguré par l’urbanisation rapide, son rôle logistique reste majeur.
À l’intérieur des terres, la ville de Berat, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, offre un exemple bien conservé d’urbanisme ottoman. Son tissu urbain en terrasses, sa citadelle encore habitée et ses églises à fresques illustrent la coexistence religieuse et les dynamiques de la période post-médiévale. La ville voisine d’Elbasan, quant à elle, présente une forteresse d’origine byzantine et un centre ancien remanié sous l’Empire ottoman.
Port de Durrës, Albanie | Fani Kurti via Getty Images
Le sud de l’Albanie concentre une partie importante du patrimoine antique et byzantin du pays. Apollonia, près de Fier, est l’un des sites archéologiques majeurs, fondé au VIe siècle av. J.-C. par des colons grecs. On y retrouve un ensemble monumental bien structuré : agora, théâtre, stoas, et une église orthodoxe du XIIIe siècle construite au milieu des ruines.
Plus au sud, la ville de Gjirokastër, également classée à l’UNESCO, est un exemple de ville-forteresse ottomane. Elle se distingue par ses maisons-tours, son château massif et un musée ethnographique aménagé dans la maison natale d’Enver Hoxha. Le sud abrite aussi des communautés grecques, en particulier dans la région de Saranda, reflet de la complexité linguistique et religieuse de l’Albanie contemporaine.
Château de Gjirokastër, Albanie | Nachteule via Getty Images
La côte sud-ouest, entre Vlora et Saranda, forme la Riviera albanaise, magnifique bande littorale escarpée bordée par la mer Ionienne. Cette région, longtemps difficile d’accès, connaît un développement touristique rapide. Des villages comme Dhërmi, Himarë ou Qeparo conservent une architecture traditionnelle en pierre, souvent d’inspiration gréco-byzantine. Le site archéologique de Butrint, au sud de Saranda, témoigne d’une occupation continue depuis la préhistoire jusqu’à la période vénitienne. Il s’agit d’un ancien centre grec, puis romain, aujourd’hui protégé par l’UNESCO.
Le parc national de Llogara, en amont de la côte, abrite des forêts de pins noirs et offre un point de vue stratégique sur le canal d’Otrante. Il constitue une transition écologique entre le climat méditerranéen et les écosystèmes de montagne.
Parc national de Llogara | Getty Images
L’est albanais, moins visité, borde les lacs d’Ohrid et de Prespa. La ville de Korçë, proche de la frontière macédonienne, est un centre culturel d’importance, connu pour son école française (fondée en 1917), ses musées et sa production de bière. L’influence orthodoxe y est forte, tout comme la présence de communautés aromanes et macédoniennes.
La région présente également plusieurs monastères médiévaux et églises rupestres, parfois difficiles d’accès, mais d’un intérêt historique considérable. Le tourisme y reste limité, mais les initiatives de valorisation patrimoniale se multiplient.
Cathédrale de Korçë, Albanie | Wikimedias Commons
L’Albanie a un très riche patrimoine archéologique : en voici quelques sites incontournables, que vous pourrez visiter lors d’un voyage culturel Intermède.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Butrint est l’un des plus importants sites archéologiques d’Albanie. Situé au sud du pays, près de la frontière grecque et de la mer Ionienne, il présente une stratification exceptionnelle de civilisations, de l’époque hellénistique à la période vénitienne. On y découvre un théâtre grec du IIIe siècle av. J.-C., des thermes romains, un baptistère paléochrétien aux mosaïques préservées, ainsi qu’une basilique byzantine. Le site, enfoui dans une nature luxuriante au sein d’un parc national, offre une immersion dans deux millénaires d’histoire méditerranéenne.
Amphithéâtre de l'ancien baptistère de Butrint, Albanie | master2 via Getty Images
Fondée au VIe siècle av. J.-C. par des colons grecs, Apollonia se trouve près de Fier, dans l’ouest de l’Albanie. C’était l’un des grands centres intellectuels et commerciaux de l’Illyrie durant l’Antiquité. Le site révèle un vaste ensemble de ruines : un bouleutérion (salle du conseil), une bibliothèque, des temples, une odeon, ainsi qu’un élégant portique de l’époque romaine. Apollonia a également été un lieu d’étude pour le jeune Octave, futur empereur Auguste. La beauté du paysage, entre collines et oliviers, accentue la solennité du lieu.
Site d'Apollonia, Albanie | Fani Kurti via Getty Images
Moins connu mais impressionnant par son étendue et son panorama, Byllis se dresse sur un plateau surplombant la vallée de la Vjosa, dans le sud-ouest du pays. Cette cité fondée par les Illyriens et hellénisée au IVe siècle av. J.-C. abrite les vestiges d’un théâtre, de remparts cyclopéens, de routes pavées et de maisons privées. L’époque romaine y a également laissé son empreinte, notamment avec des thermes et des basiliques chrétiennes aux sols décorés de mosaïques. Isolé et venté, le site conserve une atmosphère de grande quiétude.
Site de Byllis, Albanie | Wikimedias Commons
Situé dans une région montagneuse près de Vlora, Amantia était un centre illyrien majeur, fondé au Ve siècle av. J.-C. Le site, moins développé touristiquement, possède un stade antique bien conservé, des vestiges de remparts, un temple dédié à Aphrodite, et divers édifices hellénistiques. Sa position stratégique offre des vues spectaculaires sur la région environnante. C’est un lieu essentiel pour comprendre la culture des peuples pré-romains des Balkans.
Stade d'Amantia (IIIe siècle avant J.-C.), Albanie | Crole Raddato, via Wikimedia Commons (https://www.flickr.com/photos/carolemage/28241749501/)
Situé non loin de la mer, sur la route reliant Vlora à la Riviera albanaise, Orikos, situé près de l'actuelle Orikum, fut un port important dès l’Antiquité. Jules César y aurait débarqué lors de la guerre civile contre Pompée. Le site comprend un petit théâtre taillé dans la colline, des vestiges de routes, et des ruines d’habitations. Bien que plus modeste que Butrint ou Apollonia, Orikos fascine par sa localisation et son rôle stratégique à travers les siècles.
Le site d'Orikos, Orikum, Albanie | ElisabetaGramatiko via Wikimedia Commons
L’actuelle ville de Durrës, sur la côte adriatique, repose sur les fondations de l’antique Dyrrachium, fondée par les Grecs au VIIe siècle av. J.-C. et devenue une ville romaine prospère. Le principal monument visible est un amphithéâtre du IIe siècle, le plus grand des Balkans, partiellement enfoui sous les habitations modernes. Des mosaïques, une basilique paléochrétienne et des vestiges des remparts témoignent également de son passé prestigieux. Le contraste entre les ruines antiques et la ville contemporaine renforce le sentiment d’un passé toujours présent.
Amphithéâtre romain de l'ancienne Dyrrachium, dans l'actuelle ville de Durrës, Albanie | naumenkophotographer via Getty Images
Quelques conseils pour vivre un voyage serein !
Monnaie locale : Le lek albanais (ALL) est la devise officielle. À titre indicatif, 1000 ALL valent environ 10 euros (à vérifier selon le taux du jour).
Change : Les bureaux de change sont nombreux dans les villes et les zones touristiques. Évitez de changer de l’argent à l’aéroport où les taux sont souvent moins avantageux.
Cartes bancaires : Acceptées dans les hôtels, les restaurants de moyenne à haute gamme, et certaines boutiques, mais le liquide reste roi, surtout dans les régions rurales ou les petits commerces.
Retraits : Les distributeurs automatiques (ATM) sont faciles à trouver dans les villes. Certains appliquent une petite commission.
Billet de 5000 ALL | Wikimedias Commons
Type de prises : Prises européennes de type C et F, identiques à celles utilisées en France, il n’y a donc pas besoin d’adaptateur.
Tension : 230 V, fréquence 50 Hz.
Côte adriatique et ionienne : Climat méditerranéen, avec des étés chauds (jusqu’à 35 °C) et des hivers doux.
Intérieur du pays : Plus continental, avec des étés chauds mais des hivers froids, notamment en montagne (neige possible).
Français | Albanais | Prononciation approximative |
Bonjour | Mirëdita | mir-dita |
Merci | Faleminderit | falè-mindérit |
S'il vous plaît | Ju lutem | you loutèm |
Oui / Non | Po / Jo | po / yo |
Combien ça coûte ? | Sa kushton? | sa kouchton ? |
Je ne parle pas albanais | Nuk flas shqip | nouk flass chipe |
Intermèdes, spécialiste des voyages culturels, vous invite à découvrir l'Albanie à travers trois circuits riches en histoire, en paysages et en rencontres.
Ce circuit de 8 jours vous emmène à la découverte des trésors culturels de l'Albanie : Tirana, Pogradec, Voskopojë, Gjirokastra, Butrint, Apollonia, Berat, Durrës et Kruja. Accompagnés par des guides-conférenciers passionnés, vous explorerez des sites antiques et des villes au patrimoine préservé.
Ce voyage de 8 jours combine nature et culture, avec des étapes à Tirana, Lin, le lac d'Ohrid, Korçe, Voskopoja, le parc national d'Hotova, Benja, Gjirokastra, Butrint, le parc national de Llogara, Apollonia, Berat et le monastère d'Ardenica. Guidés par des experts locaux francophones, vous découvrirez les paysages variés et l'histoire riche de l'Albanie.
L'Albanie, avec ses paysages variés et son patrimoine riche, n'attend que vous. Partez à sa découverte avec Intermèdes et laissez-vous guider par des experts passionnés pour une expérience culturelle inoubliable.
A lire aussi
La chronique : "L'Albanie dans la littérature"
Découvrez quelques-uns des écrivains albanais les plus marquants, et les oeuvres qui évoquent ce pays magnifique.
Lireautres articles
découvrez nos catalogues
Voyages susceptibles de vous plaire
Contactez-nous
Newsletters
Inscrivez-vous pour recevoir nos newsletters. Restez informés de nos nouveautés, de l’actualité culturelle et de nos offres en avant-première.
Intermèdes
Qui sommes-nous ?
L'esprit Intermèdes
Contact et localisation
Protection des données et cookies
Nos partenaires
Paiements sécurisées
Qualité certifiée