Entre la tradition classique de la gestion maîtrisée des aphrodisia d’une part, et le système chrétien de l’autre, se situent des relais aux effets correctifs déterminants. Faisant pièce, entre autres, aux Lois de Platon, vient d’abord la Loi de Moïse dans sa version grecque, assortie du riche cortège de ses interprétations. Parmi celles-ci, les unes sont judéo-grecques : ainsi, celles de l’exégète et philosophe Philon d’Alexandrie, pour beaucoup héritier des idées de Platon. Les autres sont christo-judaïques, en tout premier lieu celles de Paul de Tarse, le très précoce théoricien du christianisme. Au IIe siècle de notre ère, de grands maîtres chrétiens nourris surtout de platonisme feront la synthèse entre ces deux courants ; ils transféreront le propos du domaine de la philosophie politique, avec la Cité comme objectif central, à celui de l’éthique théologique, avec l’Assemblée sainte comme référence unique. Sur la base totalement inédite de la « crucifixion de l’éros » (mot systématiquement omis par la Bible chrétienne), ils inaugureront une codification rigoureuse de l’usage du sexe dans la perspective prioritaire d’un ordre moral aux dimensions, cette fois, universelles.