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Un amour de jeunesse : la Sicile

La Sicile a ébloui mes seize ans alors que j'y effectuai un voyage avec des jeunes filles de mon âge, emmenées par un professeur de l'Institution religieuse que nous fréquentions. C'était pour les vacances de Pâques, bien avant mai 68. J'étais, à l'époque, très concernée par les mythologies grecque et romaine ainsi que par les récits tirés de l’Iliade et de l'Odyssée qui avaient enrichi mes soirées de lecture....

Nous étions hébergées dans des couvents et goûtions à la Sicile des Siciliens. J'en garde un souvenir très fort avec en tête l’apparition du temple de Ségeste, dressé dans le décor dénudé de vastes collines herbues, fleuries d'asphodèles, sans aucune construction. Simple et unique, régnant sur le silence et la solitude, bruissant de noms soufflés par le vent qui me rappelaient à mes histoires imaginées en leur donnant un cadre : Enée et les Troyennes… Comme tous les temples grecs, ses lignes sont parfaites, son architecture claire et rationnelle et s'il est inachevé c'est pour mieux déclencher en nous une tendresse particulière. Quel talent que celui de ces grecs qui savaient choisir les meilleurs emplacements pour ajouter de la beauté à la beauté de la terre ! Ce sont eux qui firent entrer la Sicile dans l'histoire et la civilisation : ils couvrirent l'île de cités florissantes et de monuments admirables. La Trinacrie (ancien nom de la Sicile) devint alors une autre Grèce sous un ciel plus occidental.
Avec Ségeste, un autre éblouissement s'appela Palerme… Palerme, comme toute la Sicile, subit tour à tour les dominations les plus diverses, Grecs et Romains, Normands, Espagnols, Arabes, Byzantins… L'arrivée des Normands au XIè siècle est le fait capital de l'histoire de la cité. Il s'agit encore des deux frères, seigneurs de Hauteville, qui avaient déjà conquis les Pouilles et la Calabre. L'un d'eux, Roger, se rendit maître de l'île et son fils, Roger II, se proclama roi de Sicile en1130 : Il re Ruggiero ! Et voilà que la Sicile a pour la première fois l'impression d'exister ! Pendant 24 ans, Roger transforme la ville, la dote de bâtiments somptueux où se mêlent en une combinaison puissante les influences normandes, byzantines et arabes formant l'art palermitain. La potion est magique, rien, nulle œuvre postérieure ne pourra rivaliser avec cette rare et curieuse civilisation : Palerme, avec Cefalu et Monreale nous donne une idée de l'art byzantin tel qu'il fleurissait au XIIè siècle, tel qu'il se combina au prestige de l'art arabe et aux traditions de l'art latin, en ce siècle où la Sicile fut gouvernée par les rois normands. C'est ainsi que l'on peut découvrir des églises conformes aux règles romanes mais enrichies par les merveilles arabes et la richesse des décorations byzantines. Il ne faut pas s'étonner que le normand, Maupassant, s'enthousiasma à la vue de la chapelle palatine et la déclare « le plus surprenant bijou religieux rêvé par la pensée humaine ». Achevée en 1143, cette église au plan architectural comparable aux nôtres, est orientale par son chœur surélevé, ses clôtures de marbre et sa coupole, arabe par son pavement, sa décoration d'émaux polychromes, son plafond et ses rosaces et enfin byzantine par ses splendides mosaïques à fond d'or. Un grand Christ entouré de Saint Pierre et Saint Paul rayonne au fond de l'abside.

Je garde un souvenir marquant de la visite des Catacombes du couvent des Capucins. Ce cimetière de la fin du XVIè siècle avec ses galeries souterraines où quelques 8000 cadavres momifiés, classés par sections, hommes, femmes, moines, professions libérales, sont exposés, surprend par son réalisme.
Monreale a aussi marqué durablement mon souvenir. En particulier, le cloître de la cathédrale. Celle-ci est également l’œuvre des Normands, elle est datée de 1172 et serait la réalisation d'un vœu de Guillaume II, alors qu'il cherchait un trésor enfoui par son père. Si l'extérieur en est austère, l'intérieur, comme celui de la Palatine, arrache un cri d'admiration tant les proportions sont énormes. Avec six mille mètres carrés de mosaïques, des marbres et des ors, l'émerveillement saisit et l'on est alors ébloui par la vue du Christ aux vêtements richissimes qui domine et emplit toute la nef et dont le regard vous poursuit. Mais ce cloître, ce cloître parle à l'âme. Plus de deux cents colonnettes accouplées par deux et, aux angles par quatre, soutiennent des arcs en ogives. Sur les chapiteaux se développe une floraison merveilleuse où l'imagination des artistes se donna libre cours, mêlant épisodes sacrés et scènes profanes parmi une faune et une flore délicieuses. Dans une vasque de marbre, une fontaine avec son murmure rafraîchissant, évoque le souvenir de l'Alhambra. L'ensemble est unique et provoque une impression de sérénité et de douceur. Le décor extérieur ? Une vaste plaine couverte d'orangers et de citronniers, quelques touffes d'amandiers fleuris, des oliviers gris et, au loin, Palerme qui étale ses palais, ses maisons et ses jardins…

Non loin, il y a Céfalu, toute tassée contre la mer où le roi normand Roger II, répondant encore à un vœu, fit construire une cathédrale aussi prestigieuse que celle de Monreale. L'intérieur est dominé par une mosaïque sur fond doré, réalisée sur la partie incurvée de l'abside qui représente le Christ Pantocrator.
J'ignore si les spectacles de marionnettes (Pupi siciliani) sont toujours aussi populaires dans les villages, mais il est amusant de se rappeler que si chez nous le héros s'appelle Guignol, à Naples il s'agit plutôt de Polichinelle alors qu'en Sicile c'est Roland, celui de nos chansons de gestes, qui triomphe de ses ennemis. On peut parier que la présence de la télévision dans chaque maison aura réussi à étouffer ces souvenirs que les civilisations successives, les guerres, les révolutions et les changements de régime n'avaient pas éteints dans les imaginations populaires depuis le Moyen-âge. Et qui dit Roland, représenté louchant et avec un aigle sur son cimier, dit Renaud avec un lion sur son casque et Charlemagne qui a la main droite fermée. Ce folklore remonte donc à la période normande et survécut aux sanglantes journées des Vêpres siciliennes, justifiées par les vexations du règne de Charles d'Anjou, frère de Saint Louis, c'était en mars 1282 et il en coûta la vie à 8000 soldats de la garnison. Toujours est il qu'un de ces spectacles animés était inscrit au programme de tout voyage en Sicile, il n'y a pas si longtemps…
Moins vivants dans mes souvenirs sont les temples de Sélinonte et d'Agrigente. Pour le premier, il s'agit d'alignements de pierres écroulées, de fûts de colonnes renversées mais aussi de morceaux reconstitués et après Ségeste la comparaison était difficile. Néanmoins, le temple G, voué à Apollon, aurait été trois fois plus grand que le Parthénon. C'est au musée de Palerme qu'on peut admirer les métopes sculptées qui racontent des épisodes relatés par Homère. La mer est omniprésente ainsi qu'une végétation maigre faite de fenouils, de chardons, d'acanthes et de persils sauvages. Agrigente, l'ancienne Acragas, est la patrie d’Empédocle, qui, s'il l'on en croit Ernest Renan, fut philosophe, savant, ingénieur, musicien, médecin, prophète, thaumaturge, démocrate etc. La vallée des temples : le temple de la Concorde, 34 colonnes doriques avec leur entablement et leur fronton, posé sur un sous-bassement de cinq marches apparaît un peu massif, est-ce dû au fait qu'il est en calcaire grisâtre plutôt qu'en marbre ? Quatre jolies colonnes subsistent du temple de Castor et Pollux au milieu des oliviers et des amandiers et une colonnade élancée signe le temple de Junon.

Syracuse et Taormine nous ont séduites par leurs théâtres aux dimensions imposantes mais plus encore à l'évocation des personnages qui les ont fréquentés, Eschyle et Euripide venus y surveiller les répétitions de leurs tragédies. Archimède, Platon, Pindare, Sapho, Hiéron etc. venus y assister.
L'Etna omniprésent dans cette région provoquait chez nous des frissons qui ajoutaient à l'intérêt de nos visites le sentiment de danger imminent !
Pour finir, le détroit de Messine nous apporta l'explication, jamais oubliée, sur le danger que Charybde, célèbre tourbillon marin, à peine esquivé, projetait les navires sur Scylla, rocher redoutable !

I. Aubert

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