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Birmanie – Pagan, de brique et de légende

Serti comme un beau diamant vert au sommet de la péninsule indochinoise, la Birmanie a vécu au fil des siècles dans le sillage de ses deux puissants voisins, l’Inde et la Chine, sans que l’un ou l’autre ne lui impose sa domination directe. Les hommes et les marchandises, les idées et les croyances ont circulé d’une terre à l’autre, parfois accompagnés de soubresauts mais le plus souvent sans hostilité. Ainsi, bouddhisme et hindouisme arrivèrent en terre birmane dès le premier millénaire et se fondirent aux pratiques plus anciennes, cultes des esprits et des ancêtres.

Et l’histoire, sans chercher à se dégager du mythe et de la légende, nous raconte comment les rois, fermement soutenus par les génies, les dieux et le Bouddha lui-même, œuvrèrent à la construction du pays, de ses villes et de ses innombrables temples et lieux du sacré.


Il en est ainsi de Pagan, lovée dans une courbe du grand fleuve Irrawaddy, à l’orée de la zone sèche de la Haute-Birmanie. La cité, lieu de rencontre des trois ethnies les plus visibles et les plus remarquables de l’ancien pays, les Pyu, les Môn et les Birmans, se développa à partir de plusieurs villages - dix-neuf selon la tradition - et connut son âge d’or entre le XIe et le XIIIe siècle.

La politique de conquête des souverains birmans, fort belliqueux, fit de Pagan le centre d’un empire unifié ; elle s’appelait alors Arimaddanapura, «la ville qui écrase ses ennemis», vivait d’agriculture et de commerce, et hébergeait jusqu’à cent mille habitants, une prouesse pour l’époque.

Cosmopolite et plurielle, la cité se voua officiellement au bouddhisme theravada – le Bouddha n’avait-il pas prédit sa fondation lors d’un voyage miraculeux dans la région ? - dès le règne d’Anawratha (1044-1077), sans toutefois oublier ses nombreux esprits et génies du sol.

A son apogée, la cité devait présenter un tissu urbain dense où les nombreux sanctuaires de brique à la gloire du bouddhisme – environ cinq mille – côtoyaient des résidences et des bâtiments administratifs en matériaux plus légers et plus périssables.

Les dangers permanents qui guettaient la cité furent les séismes, les incendies et les crues de l’Irrawaddy. Mais ce ne fut pas tant ces menaces, pas plus que la visite tempétueuse des troupes mongoles de Kubilaï Khan en 1287, qui eurent raison d’elle.

Ce fut plutôt la décadence du pouvoir et l’indifférence des élites qui signèrent le destin de Pagan, qui entra en léthargie à partir du quatorzième siècle. Pagan ne fut pas oubliée mais simplement délaissée ; elle ne s’endormit pas complètement. Avec le temps et les moussons, les édifices légers disparurent pour ne laisser que ceux en matières plus pérennes.

Mais même ceux-là, pourtant de brique et de pierre, auraient disparu s’ils n’avaient pas été en reconstruction permanente, pieusement relevés et remaniés maintes fois, après chaque séisme et chaque colère du fleuve. C’est que la charge sacrée de la cité, même désaffectée par la cour, a toujours été très forte, et y construire ou reconstruire est un acte hautement bénéfique.

De même, les monuments ont toujours été entretenus tant bien que mal par les villageois et les esclaves des monastères qui se transmirent la charge héréditairement.


Ce sont ces monuments que Pagan offre à ses visiteurs. Plus de deux mille stûpa, temples et monastères de brique et de stuc ont survécu dans divers états de conservation, se détachant sur l’écrin vert d’une végétation d’après-mousson ou, au contraire, sur les ocres et les terres brûlées de la saison sèche.

Les grandioses fondations des rois et de la cour, entreprises pendant plus de trois siècles en honneur de l’empire et de ses souverains, permettaient en même temps d’améliorer le karma du donateur et de préparer sa renaissance, selon le système d’acquisition des mérites du bouddhisme.

Aujourd’hui encore, les temples et stûpa se hissent à des hauteurs impressionnantes, et leurs faîtes caractéristiques attirent encore les bienfaiteurs qui entendent poursuivre l’oeuvre des anciens rois en leur offrant une belle patine dorée, renouvelée après chaque mousson.

Entre ces constructions massives et scintillantes se glissent les petits temples et pagodes de l’homme ordinaire, témoignant d’un même attachement au Bouddha tout en se ménageant, à une échelle différente, l’octroi de quelques mérites.

Malheureusement, tous les anciens visiteurs de Pagan n’ont pas fait preuve de bienveillance. La statuaire et la peinture ont été les proies des «amateurs» d’art. Les statues en particulier, grandes et petites, images de culte comprises, ont été les premières victimes des chasseurs de trésor ; celles qui ont survécu aux rapines et au vandalisme ont depuis été transférées au musée archéologique pour leur protection.

De même, les terrasses et les cloches des stûpa n’ont pas réussi à garder tout leur décor extérieur, sobrement composé de plaques de pierre ou de terre cuite, émaillées ou non, sculptées de motifs auspicieux ou de scènes de la Légende du Bouddha.

Et même la peinture murale, que l’on aurait pourtant pu croire à l’abri des attentions douteuses des collectionneurs indélicats, fut pillée car des pans entiers disparurent des murs du Thienmazi ou du Kubyaukgyi de Wetkyinn et n’ont jamais été récupérés.


Jadis l’intérieur des temples devait être entièrement peint de couleurs radieuses, du plafond au sol. C’était alors un véritable tapis de rosaces, de symboles bénéfiques, de scènes narratives ou cosmologiques, d’histoires édifiantes, de motifs floraux et d’animaux fantastiques qui se déployaient en une vision de l’immensité de l’univers, de sa grande variété et de l’infinité de ses créatures terrestres et célestes.

Hélas, «l’impermanence est la règle» comme disait le Bouddha, et les peintures de Pagan n’ont pas très bien enduré les siècles d’intempéries et d’abandon quand elles n’ont pas été tout simplement les victimes des bonnes intentions de l’homme. Les goûts changent et appellent d’autres décors, même dans un contexte religieux.

Si les peintures des temples importants ont pu bénéficier d’une restauration patiente avec l’assistance de l’Unesco, d’autres n’ont pas eu cette chance et sont en voie de perdition ou déjà irrémédiablement perdues.

Merveille d’architecture, de sculpture ou de peinture, Pagan nous fait regretter de ne pas l’avoir connue au temps de sa gloire. Cependant, nous pouvons encore savourer tellement de choses, les proportions parfaites du temple Nagayon ou celles du Mingalazedi, la magnificence de l’Ananda, la sérénité des Bouddha conservés au musée archéologique, les bodhisattva de l’Abeyadana et du Kubyaukgyi, les mille détails du Lokatheikpan, les élégantes danseuses miniaturisées des temples de Minnanthu, les jolies figures extérieures de stuc dont l’une des fonctions était de maintenir à distance les influences néfastes…


Pagan n’est pas classée au patrimoine mondial de l’humanité, et c’est fort dommage. Peut-être – mais peut-être seulement - que cette classification lui aurait évité quelques notes discordantes, comme ces hôtels de luxe ou ce golf construits au voisinage immédiat des temples, ces routes et pylônes qui traversent sans ménagement la zone archéologique, et surtout ces «rénovations» et reconstructions spéculatives des monuments anciens, permises voire encouragées sans discrimination par le pouvoir, consternant les archéologues mais ravissant les gens simples qui, en finançant ces travaux, entendent acquérir des mérites.

La cité n’est certes pas sortie indemne des vicissitudes de l’histoire mais possède toujours le pouvoir d’émouvoir. Elle guide le visiteur vers une autre dimension en lui offrant un rare moment d’éternité.

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